Police municipale à Paris : "Un outil supplémentaire pas négligeable"

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Antoine Terrel
Sur Europe 1, Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au CESDIP, revient vendredi sur le projet d'Anne Hidalgo de créer une police municipale à Paris. Estimant qu'elle pourra être utile contre les incivilités, il prévient néanmoins qu'"on ne peut pas espérer que, du jour au lendemain, une police municipale fasse des miracles".
INTERVIEW

À Paris, la police municipale promise par la maire Anne Hidalgo, début 2019, pourrait bientôt voir le jour. La loi autorisant la création de cette future force de police a en effet été publiée mercredi au journal officiel. Au total, quelque 5.000 agents seront formés au cours de la mandature dans une école de formation créée par la mairie, et son organisation sera articulée autour de 17 divisions locales de tranquillité publique, pour autant d'arrondissements, a indiqué l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la sécurité, Nicolas Nordman, en conférence de presse. Invité vendredi d'Europe 1, Mathieu Zagrodzki, chercheur associé au CESDIP, présente plus en détail ce dispositif et estime qu'il peut être "un outil supplémentaire pas négligeable". 

Dans la capitale, la mesure divise la majorité de gauche. En tout cas, Paris était une des rares grandes villes françaises à ne pas avoir une telle police. "Toutes les grandes villes de France ont aujourd'hui une police municipale, et que la capitale puisse aussi en être dotée était une revendication de plus en plus forte", indique Mathieu Zagrodzki, qui détaille les missions de ces futurs agents municipaux. 

"Aller plutôt sur des problématiques d'incivilités"

"Ce qui est mis en avant par Anne Hidalgo et la municipalité parisienne, c'est l'idée d'aller plutôt sur des problématiques d'incivilités, de nuisances quotidiennes, de stationnement, de prévention, de présence, de proximité", précise-t-il. Un réel besoin, selon lui, puisque la police nationale "a de moins en moins le temps de mener ce genre de missions, de moins en moins la possibilité, ou du moins la volonté de circuler à pied et d'être dans une démarche de contact direct avec la population". 

De quoi vraiment changer les choses en matière de prévention ? "Plus vous avez de personnes sur la voie publique qui sont en mesure de réprimer ce genre d'actes, plus vous avez une chance d'y parvenir", répond le spécialiste. Mais, prévient-il, "le problème est très étendu à Paris, et on ne peut pas espérer que, du jour au lendemain, une police municipale fasse des miracles". "Mais c'est un outil supplémentaire qui n'est sans doute pas négligeable."

Une police non armée 

En annonçant la création de cette police municipale parisienne, Anne Hidalgo a fait le choix de ne pas l'armer. "C'est un choix politique", constate Mathieu Zagrodzki, qui rappelle qu'à "l'échelle nationale, la répartition entre les policiers municipaux armés et non armés est de 50/50". Ainsi, poursuit-il, "des mairies, comme Nice, qui ont fait le choix de polices municipales qui sont plutôt dans l'intervention et dans la lutte contre la délinquance, dans un rôle quasiment supplétif de la police nationale, ont choisi de les armer avec des pistolets dernière génération. D'autres polices municipales, comme celles de Nantes, sont plus dans une démarche de prévention et de contact, et ne sont pas armées". 

Ce refus des armes a également été expliqué par les missions prioritaires de cette nouvelle police, qui ne justifient pas un armement selon la municipalité. Car les policiers municipaux devront surtout intervenir contre les incivilités, les dépôts sauvages d'ordures, ou encore la pollution sonore. La lutte contre le grand banditisme, le terrorisme ou les trafics de stupéfiants restera à la charge de la police nationale. Mais dans une ville comme Paris, les agents municipaux ne risquent-ils pas dans les faits de se retrouver confrontés par exemple au trafic de stupéfiants, alors que cette problématique reste très présente dans un quartier comme celui de Stalingrad ? "Vous avez des incivilités qui sont commises par des personnes qui sont soit vendeuses, soit consommatrice de stupéfiants", convient Mathieu Zagrodzki. "Dans ces cas là, je pense qu'on fera appel au bon sens et au discernement de ces agents, qui n'iront peut-être pas au-devant de situations qu'ils considéreront comme trop risquées et feront, le cas échéant, appel à des renforts de la police nationale."