Pôle emploi visé par une plainte pour homicide involontaire et harcèlement moral depuis 2014

Une plainte a été déposée en 2014 contre Pôle emploi par le syndicat CFTC Emploi et par les parents d'une conseillère Pôle emploi de Seine-Saint-Denis.
Une plainte a été déposée en 2014 contre Pôle emploi par le syndicat CFTC Emploi et par les parents d'une conseillère Pôle emploi de Seine-Saint-Denis. © LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Pôle emploi est visé depuis 2014 par une information judiciaire notamment pour harcèlement moral et homicide involontaire, révèle mardi France Info. La plainte avait été déposée par la CFTC Emploi et par les parents d'une conseillère ayant mis fin à ses jours.

La justice enquête depuis quatre ans sur des accusations de harcèlement moral au sein de Pôle emploi après une série de suicides d'employés, a-t-on appris mardi de sources concordantes confirmant une information de France Info.
Le syndicat CFTC Emploi et les parents d'Aurore Moësan - une conseillère de Pôle emploi de 32 ans qui s'était donné la mort chez elle en 2012 - avaient déposé à Paris une plainte avec constitution de partie civile pour "harcèlement moral, mise en danger de la vie d'autrui, homicide involontaire aggravé et non-assistance à personne en danger".

"Une charge de travail exponentielle". Selon une source judiciaire, cette plainte avait entraîné l'ouverture d'une information judiciaire le 15 juillet 2014, visant en premier lieu l'établissement public chargé de l'emploi. Aucune mise en examen n'a été ordonnée à ce jour dans cette enquête qui se poursuit. La plainte pointait une "charge de travail exponentielle" et une "réorganisation incessante des méthodes de travail" ou des mutations répétées, après la création en 2008 de Pôle emploi, né de la fusion des agences chargées de l'indemnisation (Assedic) et de la recherche d'emploi (ANPE).

"Le déni de la direction". Les avocats dénonçaient une fusion "menée de façon totalement barbare" et "le déni total de la direction malgré les alertes". "C'est une demande de vérité des parents d'Aurore après les nombreux témoignages reçus" et afin de "tirer quelque chose de ce drame pour aider ses collègues", a expliqué Me Eric Morain à l'AFP. "Ils savaient que ce serait et long complexe, mais là ils n'ont toujours pas été entendus par les juges", a-t-il ajouté.  Le syndicat avait recensé à l'époque 17 suicides d'origine professionnelle chez des salariés de Pôle emploi.

Pas de commentaire. Joint par l'AFP, Pôle Emploi fait savoir qu'"elle ne commente pas une instruction judiciaire en cours". L'opérateur public affirme recourir à "de nombreuses dispositions concrètes: accords nationaux relatifs à la qualité de vie au travail, organisation du travail, équilibre vie professionnelle - vie personnelle, dispositifs d'écoute et d'évaluation des risques, formation et sensibilisation des salariés et du management". En matière de harcèlement moral institutionnel, l'affaire emblématique visant France Telecom devenu Orange a abouti en juin: des juges ont ordonné la tenue d'un procès contre l'entreprise et plusieurs de ses anciens dirigeants, neuf ans après une vague de suicides et les premières plaintes.