Assurance chômage : la réforme se précise, 3,6 milliards d'euros d'économies attendues

France Travail 1:49
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Barthélémy Philippe avec AFP / Crédit photo : MAGALI COHEN / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
Le Premier ministre Gabriel Attal dévoilera dimanche les contours de la nouvelle réforme de l'assurance chômage. En revanche, le format de ces annonces, conférence de presse ou entretien dans un média par exemple, n'a pas encore été décidé. Mais en attendant, le gouvernement espère avec cette réforme faire "3,6 milliards" d'euros d'économies.

Un objectif de "3,6 milliards" d'euros d'économies et 90.000 personnes supplémentaires en emploi : les contours de la réforme de l'assurance chômage, qui sera dévoilé dimanche, se précisent avec notamment un durcissement attendu des conditions d'ouverture de droits. Matignon a annoncé mercredi que le Premier ministre Gabriel Attal ferait des annonces à ce sujet dimanche. Le format de ces annonces, conférence de presse ou entretien dans un média par exemple, n'a pas encore été décidé, a indiqué Matignon. La ministre du Travail Catherine Vautrin, qui a commencé mercredi à recevoir les partenaires sociaux, a dévoilé les pistes qui tiennent la corde.

Premier à être reçu, le président de la CFE-CGC François Hommeril a fait savoir à l'AFP, à l'issue d'une réunion "assez difficile", que "les conditions d'affiliation seraient durcies" : il faudra avoir travaillé huit mois au cours des 20 derniers mois, au lieu de six mois pendant les 24 derniers mois actuellement. Le ministère a confirmé cette piste, tout en soulignant que Catherine Vautrin souhaitait que "la copie gouvernementale puisse évoluer à la suite de ces concertations". Le gouvernement attend avec cette réforme "3,6 milliards" d'euros d'économies, et l'objectif est d'augmenter de "90.000 le nombre de personnes en emploi", a-t-on indiqué de même source.

"Les poches des chômeurs"

Côté syndical, la réforme est vivement contestée. Pour le numéro un de FO Frédéric Souillot, qui a vu Catherine Vautrin à la mi-journée, "prendre les choses en tapant sur les demandeurs d'emploi ou en réduisant les possibilités d'être indemnisé, ce n'est pas prendre les choses par le bon bout". Son homologue de la CFDT Marylise Léon, qui sera reçue mercredi soir, a aussi critiqué sur BFM Business une réforme pour "faire encore plus d'économies" en faisant "les poches des chômeurs".

Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats sur la vie au travail et l'emploi des seniors, le ministère du Travail avait annoncé fin avril qu'il fixerait lui-même les nouvelles règles par "un décret de carence" avec une prise d'effet au 1er juillet. Le Premier ministre Gabriel Attal, qui s'est pleinement engagé sur ce dossier dès son arrivée à Matignon en janvier, avait énuméré trois leviers pour faire évoluer l'assurance chômage : la durée d'indemnisation, la condition d'affiliation et le niveau d'indemnisation.

A ce stade, seules les conditions d'affiliation sont évoquées, une disposition qui "a des effets plus rapides" sur l'emploi, selon le député Renaissance Marc Ferracci, inspirateur de la première réforme de l'assurance chômage du quinquennat. Cette disposition toucherait particulièrement les allocataires de moins de 25 ou sortant d'un CDD ou d'intérim. L'extension à davantage de secteurs du bonus-malus, système pour lutter contre l'abus de contrats courts, figure aussi parmi les pistes. FO réclame que le bonus malus soit généralisé et étendu à l'intérim. Un renforcement de la "contracyclicité" est aussi envisagé avec une nouvelle réduction de la durée d'indemnisation si le chômage descend sous les 6,5% contre 7,5% actuellement (cela engendrerait 3 milliards d'euros d'économies supplémentaires).

"Adouci"

François Hommeril a aussi indiqué que le gouvernement veut créer un "bonus à la reprise d'emploi" pour les seniors de 57 ans et plus, et dans le même temps plafonner les indemnisations des chômeurs proches de la retraite. Une mesure "anti-cadres" pour le syndicaliste. In fine, la ligne de Matignon s'est "un peu adoucie", selon des sources gouvernementales et dans la majorité, où l'aile gauche était montée au créneau. Le Premier ministre "a dû battre en retraite sur la durée d'indemnisation des chômeurs", selon un député de cette aile gauche.

 

Mais les syndicats, qui avaient farouchement combattu les réformes controversées de 2019 et de 2023, sont à nouveau vent debout. Ils ont apporté mardi leur soutien à une proposition de loi du groupe Liot qui vise à empêcher "la réforme de trop" et doit être examinée à l'Assemblée nationale le 13 juin, où plusieurs groupes sont hostiles à la réforme, comme celui des députés PS qui ont dénoncé mercredi "une régression sociale historique". Frédéric Souillot a dit avoir précisé à la ministre que FO attaquerait "son décret en Conseil d'État".

Côté patronal, le président du Medef Patrick Martin soutient l'idée de règles "encore plus incitatives au retour à l'emploi". Le président de l'U2P Michel Picon s'était, lui, dit mi-avril "réservé" sur la pertinence de durcir à nouveau les règles, d'autant que "la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés".