Christophe Barbier et Bruno Jeudy étaient invités dans "Culture médias", mardi. 5:45
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Tiffany Fillon
Au 34e jour de grève contre la réforme des retraites, mardi, Philippe Vandel recevait les éditorialistes Bruno Jeudy et Christophe Barbier. Ils expliquent l'utilité et les difficultés de leur travail dans une telle période de tension politique. 
INTERVIEW

Au bout d’un mois de grève, comment les éditorialistes des médias parviennent-ils à se renouveler chaque jour dans leurs décryptages et analyses ? Pour répondre à cette question, Philippe Vandel recevait mardi, dans Culture médias, Bruno Jeudy, rédacteur en chef à Paris Match et Christophe Barbier, ancien patron de l'Express et éditorialiste à BFMTV.

Pour Christophe Barbier, les rebondissements à répétition dans le dossier de la réforme des retraites sont en eux-mêmes une source d'inspiration. "Quand on voit arriver des notions comme l'âge pivot et le minimum contributif ou que l'on passe de Jean-Paul Delevoye à Laurent Pietraszewski, tout cela a l'air d'être des détails mais à chaque fois, ça fait sens", explique-t-il. La ligne directrice de la réforme, qui relève selon lui d'un point de vue "idéologique", est aussi un sujet à commenter. "Il y a un horizon : va-t-on passer d'un régime universel pensé en 1945 à un autre régime universel pensé en 2020 ?", résume Christophe Barbier. 

 

"Des coulisses importantes"

Bruno Jeudy, lui, ne partage pas l'optimisme de son confrère. "Je trouve que cette année, c'est plus difficile que l'année dernière. La saison 1 Macron et les gilets jaunes, c'était plus facile que la saison 2 Macron et le régime des retraites. Le problème des retraites est un sujet très compliqué. Il n'y a pas d'images, c'est plus statique et les syndicats font des manifestations classiques", affirme-t-il, précisant qu'à cette difficulté s'ajoute le fait que "cette réforme est floue".

Si jamais les éditorialistes sont à court d'idées, ils peuvent toujours compter sur les coulisses de la politique auxquelles ils ont accès. Christophe Barbier prend pour exemple "ce qu'il s'est passé dans le bureau du président de la République le dimanche avant le discours du Premier ministre" avec "ceux qui basculent du côté de l’âge pivot et qui arrivent à convaincre un président sceptique". Il estime que "ce sont des coulisses importantes qui nourrissent les anecdotes".

Réclamer des actions politiques

Ces conversations avec des sources appartenant aux hautes sphères du pouvoir peuvent être très utiles, au point d'anticiper certains événements.... "Des ministres m'ont dit que le Président changera à coup sûr de Premier ministre après les municipales, qui ne seront pas bonnes pour LREM", affirme Christophe Barbier. Plus qu'un bruit de couloir, c'est aussi "[s]a réclamation d'éditorialiste". "Un éditorialiste doit dire ce qu'il faut faire, même s'il n'est pas au pouvoir. Donc moi, je dis qu'il faut un nouveau Premier ministre au printemps pour assurer la fin du quinquennat !", lance le journaliste.

Cette période d’effervescence peut parfois les conduire à des erreurs, comme l'admet Christophe Barbier, qui pensait que Jean-Paul Delevoye ne démissionnerait qu'en janvier au moment de la finalisation du texte. "Je me suis laissé intoxiquer par toute une montée en ligne gouvernementale sur le thème 'Sauvons le soldat Delevoye', justement parce que c'est la pagaille et que les syndicats demandent sa tête. Ce front gouvernemental a été brisé par le fait que psychologiquement, Jean-Paul Delevoye a craqué. Ce n'est pas Édouard Philippe qui le vire mais lui qui craque", analyse-t-il.