Pendant six ans, des habitants de Marseille ont utilisé de l’eau polluée à une substance cancérigène

Pendant six ans, des habitants de Marseille utilisaient de l’eau polluée
© RODGER BOSCH / AFP
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Nathalie Chevance, édité par Léa Benaïm , modifié à
Avec des années de retard, la municipalité de Marseille a informé les habitants du quartier Saint-Louis que les eaux souterraines étaient polluées au chrome VI, une substance cancérigène et toxique. La colère gronde, puisque la mairie était semble-t-il au courant depuis des années. 

C'est une eau avec laquelle les Marseillais avaient l'habitude d'arroser leur potager ou de remplir leur piscine gonflable l'été... Les 9.000 habitants du quartier de Saint-Louis ont appris que l'eau qu'ils utilisaient depuis des années était en réalité porteuse d'une substance très toxique et cancérigène : le chrome VI. 

La mairie de Marseille était au courant 

Heureusement, cette pollution ne concerne pas le réseau d'eau potable, seuls les puits privés qui servent notamment à arroser les jardins sont impactés. Mais là où la colère des habitants se dirige, c'est sur la culpabilité de la ville de Marseille. Il semblerait que la mairie et la préfecture étaient au courant depuis "au moins 2013", selon Charles Chanut, épidémiologiste et membre de l'association Caponord et qu'elles aient mis des années avant d'agir. Cette pollution provient d'une usine de traitement de métaux, poursuit Charles Chanut, qui assure que les eaux souterraines sont toujours polluées aujourd'hui. 

"L'eau est complètement jaune fluo" 

Christophe a pendant des années arrosé ses tomates et ses aromates avec une eau contaminée, celle de son puits. Aujourd'hui, il s'interroge sur les conséquences de cette consommation. "L'eau est complètement jaune fluo donc on se pose un tas de questions : si nous sommes en danger, si ma fille qui a mangé des fruits et des légumes est en danger aussi", témoigne-t-il au micro d'Europe 1. Beaucoup d'interrogations auxquelles les habitants n'ont toujours pas de réponse.  

"C'est quelque chose de très grave pour la santé publique".  

"Le chrome VI est quelque chose qui est créé par des processus industriels et classé comme cancérogène dans la catégorie des plus actifs" explique l'épidémiologiste Charles Chanut, qui soupçonne une "négligence". "c'est quelque chose de très grave pour la santé publique", poursuit-il. Le député des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert a demandé au ministre de la Santé Olivier Véran une enquête épidémiologique.