Caravane 5:43
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Coline Vazquez
Pendant quatre ans, Alexandre Poussin et sa compagne ont parcouru Madagascar avec leurs deux enfants à qui ils ont donc dû faire l'école. Une expérience bien loin des standards français d'éducation mais non moins enrichissante, selon le réalisateur qui raconte son expérience au micro d'Europe 1. 

C'est le casse-tête de bon nombre de parents : comment faire l'école à la maison ? Un défi imposé par la fermeture de tous les établissements scolaires pour lutter contre l'épidémie de coronavirus qui laisse 12 millions d'élèves sans école. De son côté, l'Etat a promis un système de cours par correspondance mais malgré ce dispositif il faudra quand même aux parents patience et calme pour s'assurer que leur progéniture continue de suivre le programme scolaire. 

Une mission qu'Alexandre Poussin et sa compagne ont relevée pendant quatre ans. Le couple est parti du 16 mars 2014 au 19 août 2018 dans une escapade à Madagascar emmenant avec eux leurs deux enfants Philaé et Ulysse qu'on découvre dans le film d'une heure et demi réalisé par Alexandre Poussin à l'issue de leur voyage. Le réalisateur connue pour les nombreuses expéditions menées depuis les années 1990 est revenu, pour Europe 1, sur ce "choix de vie" qui leur a permis d'être "des acteurs de l'éducation" de leurs enfants.

"Aller droit au but et apprendre l'essentiel"

"On sait que ça ne dure qu'un temps très court, après ils font leur vraie éducation au collège et au lycée donc c'est un moment béni et ça a été le plus beau moment de notre vie", se remémore-t-il avec nostalgie. 

Mais pendant leur tour de Madagascar à bord d'une charrette tirée par des zébus, suivre les cours du Centre national d'enseignement à distance (CNED) était impossible. Alexandre Poussin et sa femme ont donc dû, eux-mêmes, faire l'école à leurs deux enfants âgés au moment du départ de 6 et 9 ans. Une classe qui ne durait pas bien longtemps par rapport à leurs camarades français puisqu'ils n'y passaient qu'une demi-heure à une heure par jour maximum, le soir, après avoir parcouru quinze à vingt kilomètres et avec beaucoup de bruit autour d'eux : "Les conditions n'étaient pas optimales, mais du coup ça leur permettait de se concentrer et d'aller droit au but d'apprendre l'essentiel", résume le réalisateur de documentaires et écrivain. 

Pour s'aider, ils ont pu s'appuyer sur des manuels, trois par enfant et par niveau : mathématiques, français et histoire géographie. En ce qui concerne les langues étrangères, ils s'en chargeaient eux-mêmes. Ils avaient également suivi des cours de pédagogie avant de partir et respectaient scrupuleusement les cours de l'Education nationale grâce à ces livres. 

"De l'éducation vivante"

Alexandre Poussin reconnaît toutefois que ce qui aurait pu leur manquer, c'est la socialisation qu'offre l'école. "Mais des petits copains à Madagascar, ils n'en manquaient pas. D'autant que, quand on s'arrêtait dans un village, ils allaient à l'école communale avec eux et quand on était dans une grande ville, ils allaient dans une école française et là, ils étaient recadrés par des professeurs français détachés donc ils raccrochaient toujours le wagon", explique-t-il. 

A 10 et 13 ans quand le voyage a pris fin et qu'il leur a fallu rejoindre les bancs de l'école française, les deux enfants ont eu bien du mal à rester sept ou huit heures, assis en classe. "C'était quelque chose de beaucoup trop dur, car ils avaient cette espèce d'école Montessori permanente où ils ont fait leurs humanités avant l'heure", se rappelle-t-il, avant de résumer : "C'était de l'éducation vivante". Une immense opportunité selon Alexandre Poussin.