Paul Mayaux est  président de la FAGE. 6:32
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Antoine Terrel
Sur Europe 1, Paul Mayaux, président de la FAGE, est revenu sur l'ouverture de la phase d'admission sur la plateforme Parcoursup. S'il ne pense pas que la crise sanitaire ait "foncièrement exacerbé les inégalités au niveau des dossiers", il constate qu'elle a perturbé l'accompagnement des jeunes pour leur orientation.
INTERVIEW

Entre angoisse pour beaucoup, soulagement pour certains et déceptions pour d'autres, la journée de jeudi s'annonce agitée pour les centaines de milliers de lycéens ayant confirmé au moins un vœu sur Parcoursup. En effet, la phase d'admission sur la plateforme s'ouvre ce soir, et si certains verront leurs choix acceptés, d'autres seront placés sur liste d'attente ou recalés. Sur Europe 1, Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), appelle ces derniers "à ne pas s'inquiéter", rappelant que des phases complémentaires sont prévues dans les prochaines semaines. Mais il reconnaît que la crise sanitaire a pu compliquer les choses encore un peu plus. 

Risque-t-on d'assister à des injustices liées à l'épidémie de coronavirus ? Avec par exemple des étudiants ayant pu faire plus de présentiel qui seraient favorisés par rapport à ceux enfermés chez eux pendant des mois ? "C'est vraiment du cas par cas", répond Paul Mayaux. "Je ne pense pas que la crise sanitaire ait foncièrement exacerbé les inégalités au niveau des dossiers." En revanche, ajoute-t-il, "on a beaucoup d'éléments qui font que ça peut être compliqué d'avoir accès à une formation". 

"Des filières qui sont en tension"

Parmi ces facteurs, Paul Mayaux cite notamment la hausse démographique, "avec de plus en plus de jeunes qui arrivent dans l'enseignement supérieur, et pas d'investissement sur les filières pour augmenter leurs capacités". "Donc on peut effectivement avoir des filières qui sont en tension et l'impossibilité pour certains jeunes de pouvoir avoir une formation."

Autre élément, la crise sanitaire et la fermeture des établissements a rendu plus difficile l'accompagnement personnalisé des étudiants pour leur orientation. "Les jeunes n'ont pas foncièrement eu la possibilité d'être accompagnés de manière très renforcée du fait de la crise sanitaire. C'est compliqué d'accompagner un jeune à distance et c'est là que réside la principale difficulté", estime Paul Mayaux. 

"Il faut une réelle mise en place des mesures"

La crise du coronavirus rend donc sans doute l'orientation encore plus compliquée que d'habitude. D'autant plus que de très nombreux jeunes sont aussi fragilisés psychologiquement par ces longs mois de pandémie. Selon un sondage publié par la FAGE, plus des trois quarts des 18-25 ans affirment se sentir fragilisés, soit psychologiquement, soit affectivement ou physiquement, tandis que 60% évoquent un décrochage. Faut-il pour autant en conclure que la jeunesse a été sacrifiée ? "Si demain, dans les semaines à venir, rien n'est fait réellement, on pourra considérer que la jeunesse a été sacrifiée. Là, on commence à avoir un abaissement des tensions au niveau des services", répond Paul Mayaux, qui réclame donc de nouvelles annonces. 

"Si on n'a pas d'annonces d'accompagnement renforcé à la fois au niveau de l'orientation, au niveau pédagogique, au niveau de l'accompagnement humain et financier des jeunes, à la fois sur la période estivale, mais également sur la rentrée universitaire, ça risque d'être très compliqué", prévient-il. Et de rappeler que les jeunes, dans le cadre de la procédure d'admission, peuvent "solliciter SOS Parcoursup, où on peut directement accompagner les jeunes, que ce soit sur les parcours, mais également sur d'autres difficultés". 

Et si des mesures ont déjà été prises : repas à 1 euro, tickets pour aller consulter un psychologue, Paul Mayaux regrette qu'il manque "une réelle mise en place de ces mesures". "Le chèque n'a été mis en place  que partiellement et très tardivement sur l'ensemble du territoire. Ce qu'il faut, c'est des mesures qui soient réellement structurelles pour accompagner réellement les jeunes sur du long terme et non pas uniquement leur donner des aides de manière ponctuelle."