Orages, inondations, neige... A l’origine des vigilances météo

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Jean-Gabriel Bourgeois, édité par Rémi Duchemin
Aujourd’hui bien ancrées dans l’esprit et le quotidien des Français, les vigilances météo sont pourtant récentes. Ce n’est qu’en octobre 2001 qu’elles ont vu le jour, deux ans après la grande tempête de décembre 1999. Et malgré la polémique, Météo France cherche encore à améliorer son dispositif.
DÉCRYPTAGE

Les vigilances météo font à tel point partie du quotidien des Français qu’on pourrait avoir l’impression qu’elles ont toujours existé. Mardi matin encore, cinq départements sont en alerte orange, deux pour neige-verglas (Puy-de-Dôme et Cantal), et trois pour crues (Landes, Lot-et-Garonne et Gers). Pourtant, leur création est récente. Elle date exactement d’octobre 2001.

Le tournant de la "Tempête du siècle" en 1999

L’idée de mieux alerter les Français est née chez Météo France après l’impressionnante tempête qui a balayé la France à la fin du mois de décembre 1999. Cette "tempête du siècle" avait mis en lumière un cruel défaut d’information, puisqu’elle a surpris tout le monde. Et clairement, il y a un avant et un après dans la volonté de faire de l’information à la population une priorité chez Météo France.

Cela aboutit en octobre 2001 à la création des fameuses cartes de vigilance météo. Le grand public découvre les niveaux d’alerte département par département - vert, jaune orange et rouge – pour tous les types d’événements météo extrêmes : vent, orage, inondations, neige, canicule et grand froid.

La vigilance rouge est utilisée pour la première fois en septembre 2002 lors de graves crues dans le Gard. "Une vigilance rouge ça veut dire de rester à la maison", expliquait en novembre 2008 Laurent Cabrol, le M. Météo d’Europe 1. "Donc ne pas bouger, surtout ne pas circuler, éviter tout déplacement. Et si vous devez circuler, il faut respecter scrupuleusement toutes les signalisations mises en place à cette occasion." Au total, la vigilance rouge a été déclenchée une quarantaine de fois en un peu moins de 20 ans. 

A chaque alerte rouge sa polémique

Sauf que ce système d’alerte provoque régulièrement des polémiques. Une alerte orange qui aurait dû être rouge, une alerte rouge qui arrive trop tard ou qui est levée trop tôt… A chaque vigilance sa polémique, comme par exemple quand d’importantes chutes de neige paralysent l’Ile-de-France en décembre 2010. Des milliers de personnes passent la nuit dans leur voiture, bloquées sur les routes. "Météo France n’avait pas prévu cet épisode neigeux, en tout cas pas son intensité. Les prévisions, c’était 3 centimètres et il est tombé 12 centimètres sur Paris même et 20 centimètres sur certaines régions de la banlieue", avait pointé François Fillon, alors Premier ministre. "Il est incontestable que les services chargés du déneigement ont été pris au dépourvu."

"Evidemment que ce n’est pas vrai, je suis atterrée, c’est sans commentaire", s’était étranglée quelques minutes plus tard Valérie Darmon, spécialiste météo, sur Europe 1. "Tous les prévisionnistes météo ont fait un suivi de l’épisode neigeux depuis le début, donc évidemment que c’était annoncé".

Bientôt le "cell broadcast" pour les téléphones portables

Aujourd’hui encore, on réfléchit à des moyens de mieux diffuser les alertes météo. Le 24 septembre dernier, le gouvernement annonçait ainsi la mise en place d’un "Cell broadcast", ou "diffusion cellulaire" en bon français. Ce sont de mini-messages prioritaires que vous recevrez bientôt sur votre téléphone portable si vous êtres dans une zone impactée par un danger, y compris quand le réseau sera saturé.

Une révolution, selon Gérald Darmanin. "Au 20ème siècle, on est passé du tocsin à la sirène, et au 21ème siècle on va passer de la sirène au téléphone portable", avait déclaré le ministre de l’Intérieur en présentant le dispositif, chargé de répondre à plusieurs questions : "Est-ce un feu, est-ce une inondation ? S’agit-il de fumées toxiques ? Et que faire ? Est-ce qu’on doit rester chez soi, est-ce qu’on doit quitter sa maison ?"

La diffusion cellulaire existe déjà dans d’autres pays, notamment pour les tornades aux Etats-Unis. Et la France a du retard. Une directive européenne oblige les Etats à mettre en œuvre ce système d’ici 2022.