Neige artificielle Ski 4:32
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David Castello-Lopes , modifié à
La neige artificielle recouvre chaque année une partie des pistes du monde entier. Dans "Historiquement vôtre", jeudi, David Castello-Lopes part à la recherche de l'origine de cette fameuse "neige de culture" qui permet à de nombreuses stations de continuer à fonctionner, malgré une "vraie neige" insuffisante.

Elle est la bouée de sauvetages des stations qui manquent de neige une fois les pistes prises d'assaut, dès que les températures descendent. Mais d'où vient la neige artificielle, ou neige de culture ? Comme chaque jour de la semaine, le chroniqueur David Castello-Lopes se penche sur les origines de ce dispositif qui permet chaque année à des millions de personnes de skier malgré les conditions climatiques. Une invention beaucoup plus économique qu'écologique, que l'on doit à un gérant d'une station de ski du Connecticut, dans les années 1940. 

"La neige, c'est fou à quel point ça fait plaisir. Y a-t-il un événement climatique, à Paris en tout cas, qui fasse plus plaisir que la neige ? Tout le monde est content lorsqu'elle tombe, elle efface la déprime et la tristesse. Et vu la façon dont Instagram se couvre de neige à chaque fois qu’il y a quatre flocons qui tombent, l'auteur de ces lignes est loin d'être le seul à éprouver ce sentiment.

Comme pour tous les trucs supers que la nature ne nous offre que par intermittence, l’être humain a fini par se dire 'la neige c’est tellement cool que je veux pouvoir en avoir tout le temps'. On avait déjà mis un petit soleil dans des boules de verre, actionnable à volonté, à savoir les ampoules électriques. On avait aussi mis la douceur tempérée au cœur des tropiques avec l’air conditionné. Mais il restait la neige, qu’on ne pouvait pas avoir sur commande.

Un hiver sans neige dans le Connecticut

Mais alors d’où vient la neige artificielle ? Elle vient en réalité de la petite frange de la population dont la survie économique dépend de la neige, à savoir les gens qui travaillent dans des stations de ski. En 1947, aux États-Unis, Walter Schoenknecht ouvrit une mini-station de ski dans le Connecticut, à Mohawk. À l’hiver 1949-1950, il y eut très peu de neige.

Walter Schoenknecht s’est retrouvé comme tous les gérants de station de ski, sans solution pour son entreprise. Qu'a-t-il fait ? Il a tout simplement fait venir 700 tonnes de glace pour les piler et les mettre sur les pistes. Ça a marché. Une de ses connaissances s'est donc demandée si, avec une température inférieure à zéro, il ne suffirait pas de cracher de l’eau dans les airs pour qu’elle retombe sous forme de neige. Cet homme a construit le premier canon à neige de l’histoire du monde, au début des années 1950.

Avec les années, le canon à neige s’est perfectionné. En particulier, on s’est rendu compte que pour qu’un flocon de neige se forme bien, il fallait non seulement de l’eau mais aussi des petites particules solides auxquelles l’eau puisse s’attacher pour cristalliser. C'est ce que font les canons à neige moderne, en jetant dans l’air des mini-gouttelettes d’eau avec des mini grains de poussière.

Lien avec l'amiante

C'est plutôt de la bonne neige, mais pas tout à fait comme de la vraie neige. Pourquoi ? Entre autres raisons parce que les flocons qui sortent des canons à neige n’ont pas autant de petites branches des flocons qu’on découpe dans du papier quand on est écolier. Les flocons artificiels s’agrègent plus les uns aux autres que les flocons normaux. Cela fait de la neige plus compacte. Il parait que pour aller vite dessus, c’est mieux. Mais ça ne donnera jamais l’expérience de la poudreuse, qui est quand même très sympa.

Dernière petite chose : quand on parle de fausse neige, on parle aussi de la neige qu’on utilise dans les films et qui a les caractéristiques visuelles de la neige, sans en être. Dans les années 1940 et 1950 à Hollywood, pour faire cette fausse neige qui tombait dans les films, on utilisait… de l'amiante, comme dans Le Magicien d'Oz. Un aspect hyper réaliste, mais hyper cancéreux."