Police 1:27
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Thibaud Hue (à Montpellier), édité par Laura Laplaud , modifié à
Le préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh, a annoncé l’arrivée de 160 policiers en renfort à Montpellier et à Béziers dès le mois de septembre. Un renfort pour la sécurité qu’il estime très insuffisant. Le préfet veut lutter activement contre la délinquance et le trafic de drogue surtout à Montpellier, une ville où l’insécurité se fait nettement ressentir.

L'insécurité n'est pas qu'un sentiment à Montpellier comme à Béziers, c'est une réalité. Ces deux villes de l'Hérault, voisines de 70 kilomètres, sont gangrénées par le trafic de drogue et la délinquance qui l'accompagne. Le préfet du département confirme l'arrivée de 160 policiers en renfort dès septembre. Les Montpelliérains l'affirment, leur quotidien est devenu un enfer.

Le trafic de drogue gagne du terrain

"Ils vendaient dans les couloirs." Sous les doigts de Garib, de la peinture encore fraîche. Les inscriptions sur le mur de cet ancien point de deal ont été effacées quelques heures plus tôt. Dans ce quartier où il vit depuis 30 ans, situé à deux kilomètres du centre, il voit le trafic de drogue dangereusement gagner du terrain. "Il y en a toujours un qui veut vendre le plus que l'autre, qui veut prendre le monopole et au milieu tu as d'honnêtes citoyens qui peuvent prendre une balle ou être pris à partie", déplore-t-il.

 

Isaac, étudiant de 19 ans, est soulagé par l'arrivée de ces renforts policiers "Ca va être rassurant de voir des CRS présents dans la ville, dans certains quartiers plus ou moins dangereux, où il s'est passé des choses qui peuvent inquiéter". L'étudiant note des "agressions à cause de la drogue, des alcools, surtout la nuit".

Alexandre, habitant de Montpellier depuis 10 ans, souhaite plus de présence policière dans ces quartiers où le trafic bat son plein. Pourtant, le profil de ces nouveaux agents n'est selon lui pas adapté. "J'aurais été plus pour une police de proximité en centre-ville, mieux formée pour ces problèmes d'insécurité en ville, mais pas forcément des CRS comme on voit dans les manifs", explique-t-il.

"Je ne peux pas aller en ville sans regarder derrière moi"

Pour les associations de quartier, le budget alloué à la sécurité de ces habitants est insuffisant. Il n'y a pas assez de policiers dans les rues, dénoncent certains, comme Fred, assis en terrasse sur une chaise en plastique. "Je ne peux pas aller en ville sans regarder derrière moi, tu sors ton portefeuille, tu n'es pas sûr, je n'ai pas cette tranquillité d'esprit qu'on avait il y a quelques années. On se sent vraiment laissés à l'abandon", avoue-t-il.

"Je ne suis pas du tout sereine de rentrer seule"

Quelques arrêts de tram plus loin, en plein centre-ville, l'inquiétude se fait aussi ressentir. Lorsque la nuit tombe, la place de la Comédie devient presque impraticable pour Charlotte, une jeune étudiante de 19 ans. "Je me suis déjà fait suivre quelques fois. C'est vrai que je ne suis pas du tout sereine de rentrer toute seule jusqu'à chez moi, j'essaie toujours de sortir accompagnée, surtout avec des garçons, parce que ça me rassure de me dire que je ne suis pas toute seule", confie-t-elle. "C'est vrai qu'on aimerait un peu plus de sécurité dans la ville de Montpellier", ajoute Charlotte.

Si certains restaurateurs de la place remarquent que les patrouilles de police sont de plus en plus nombreuses depuis un an, ils regrettent que cela ne soit toujours pas suffisant. Sur le pas de la porte de l'épicerie de Brahim, les bagarres sont quotidiennes. Le commerçant est résigné : "C'est comme un filet dans un bateau de pêche. Ils vont attraper autant de poissons que vous voulez, mais derrière, s'il n'y a pas de quoi les conserver ou les mettre en boîte, vous allez les rejeter à la mer". L'épicier conclut, "même s'ils restent quelques années chez nous, ça ne changera rien".