"On est tous un peu explorateurs…" : quand Thomas Pesquet rêve de marcher sur Mars

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Margaux Lannuzel , modifié à
L'astronaute français imagine l'avenir au micro de Fabrice d'Almeida, deux ans après sa mission sur la Station Spatiale internationale. 

"Le corps a changé, et tout à coup on est soumis à la gravité, on a l'impression d'être attiré par un éléctro-aimant, écrasé par son poids…" Deux ans après son retour de la Station Spatiale Internationale (ISS), où il a effectué une mission de six mois en 2017, Thomas Pesquet se souvient d'une réadaptation difficile. Mais il en faut plus pour décourager l'astronaute de 41 ans, dixième Français à s'être rendu dans l'espace. Invité d'un épisode exceptionnel d'Au cœur de l'histoire, il confie au micro de Fabrice d'Almeida ses projets d'avenir… et ses rêves de planète rouge. 

Aller sur "la face cachée" de la lune

L'avenir proche, c'est d'abord la lune, délaissée depuis les années 1970 et sur laquelle douze hommes seulement ont mis les pieds… tous américains. "Il y a des projets" pour s'y rendre à nouveau, commence Thomas Pesquet. "On devrait y retourner avec les agences [spatiales, ndlr], pour avoir une présence un peu plus durable qu'à l'époque", poursuit-il, évoquant la Guerre Froide. "C'était la compétition idéologique, on a voulu être les premiers à aller planter un drapeau. On a fait quelques expériences scientifiques mais ça n'était vraiment pas le but…." 

Aujourd'hui, les différentes agences ambitionnent d'instaurer un programme en coopération. "On sait qu'il y a plein de choses intéressantes à faire sur la lune", s'enthousiasme Thomas Pesquet. "On voudrait aller sur la face cachée, être protégés des rayonnements électromagnétiques et des perturbations, observer le fond de l'espace et remonter dans le temps en faisant ça… On a tout un programme, qu'on veut mettre en place. On se rend compte que c'est difficile, on le savait mais c'est en se confrontant à cette tâche-là qu'on mesure l'exploit qu'ils ont fait dans les années 1960 !"

"Mettre le pied là où personne ne l'a jamais mis"

Et après ? "D'ici à 2030, il devrait y avoir des vols réguliers vers la Station Spatiale, qui ressemblent un peu à ce que j'ai fait la première fois, avec beaucoup de recherche", prévoit Thomas Pesquet. L'astronaute devrait, lui, repartir en 2021. Direction l'ISS, d'abord… Avant une destination - beaucoup - plus lointaine ? Lorsqu'on l'interroge sur la planète Mars, où la Nasa parle d'envoyer des humains dans les années 2030, le Français ne dit pas non. "On est tous un peu explorateurs, on a envie de mettre le pied là où personne ne l'a jamais mis…"

"La station spatiale, c'est 400 km, ça n'est même pas un Paris-Lyon", illustre Thomas Pesquet. "La lune, c'est 400.00 km. Mars, entre 40 et 400 millions de km... À chaque fois, il y a un facteur mille, on va mille fois plus loin !", rêve l'astronaute. "Imaginez les images en direct de quelqu'un qui pose le pied sur Mars. Et tout ce qu'on pourrait y faire ensuite. Ce serait une aventure dingue. L'aventure la plus phénoménale de tous les temps."