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Louise Sallé
L’OCDE pointe dans son dernier rapport le retard de la France en matière de rémunération des professeurs : environ 20% de moins au primaire, et 15% de moins dans le secondaire, par rapport à la moyenne des pays développés. Mais, pour s’inspirer de ce qui marche ailleurs afin de doper l’attractivité du métier, revaloriser les salaires n’est pas la seule mesure sur laquelle prendre exemple. 

Le rapport 2022 sur l’éducation, de l’Organisation de coopération et de développement économique - l’OCDE - a été publié ce lundi. Et, comme les années précédentes, il constate un retard français en matière de rémunération des profs, alors même que les organisations syndicales ont commencé le même jour leurs négociations avec le gouvernement sur la revalorisation salariale des enseignants. Ces discussions prendront plusieurs mois, et le rapport tombe à pic pour soutenir les revendications des professeurs. Ainsi, en France, les maîtres et les maîtresses bénéficiant de quinze ans d’expérience gagnent 20% de moins, environ, que la moyenne des pays développés : soit 33.000 euros bruts par an. Dans le secondaire, c’est près de 15% de moins.

Les enseignants allemands gagnent deux fois plus

En Allemagne, les enseignants gagnent deux fois plus. Soit près de 65.000 euros en primaire, pour un même niveau d’expérience. Cependant, cet exemple allemand démontre que la hausse des salaires n’est pas l’unique solution pour doper l’attractivité du métier. "En Allemagne, on a la plus grande crise d'attractivité du métier jamais vue dans le pays", explique Éric Charbonnier, analyste éducation à l’OCDE.

"On s'est rendu compte que les enseignants se plaignaient d'avoir davantage de tâches administratives à faire, d'avoir une pression des parents de plus en plus forte, et la fonction publique là-bas attire de moins en moins d’étudiants", détaille-t-il. "C'est une leçon à retenir pour l'ensemble des pays de l'OCDE, il faut non seulement que les salaires augmentent mais également que le métier évolue, pour qu'il devienne passionnant et stimulant."

En France, moins d’heures face aux élèves et plus de temps de travail hors des cours

En France, la faible rémunération des enseignants est également liée à une autre organisation du travail. Le temps passé par un professeur devant ses élèves est ainsi moindre qu’au Royaume-Uni, qu’au Portugal ou qu’en Finlande, bien que le temps de travail d’un enseignant français soit supérieur à la moyenne de l’OCDE car il effectue davantage de tâches de préparation et d’évaluation des cours.

Ailleurs, l’aide aux devoirs est plus importante, ce qui augmente le nombre d’heures passées par un professeur dans l’établissement, et donc la rémunération associée. Enfin autre problématique qui distingue nettement la France des autres pays : la stagnation des salaires, en milieu de carrière. Il faut ainsi 35 ans d'expérience aux enseignants pour passer du salaire de départ au salaire le plus élevé… Contre 26 ans en moyenne au sein de l’OCDE.