Nuit debout : "Manuel Valls est la figure repoussoir d'une certaine gauche intellectuelle"

Eddy Fougier.
Eddy Fougier. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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A.D
Si le mouvement Nuit Debout est une surprise pour le chercheur Eddy Fougier, invité d'Europe 1 samedi, il cristallise aussi pas mal de frustrations.

"Nuit debout" est une "surprise" pour Eddy Fougier, chercheur à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste des mouvements protestataires. Invité dans C'est arrivé cette semaine, samedi, il décrypte le mouvement de contestation de la Place de la République à Paris, qui s'est formé depuis le 31 mars. "Le mouvement se diffuse en France, même en Europe. Il ne durera peut-être pas des mois, mais il dure à court terme."

L'étincelle de la loi El Khomri. Ce mouvement n'était donc pas forcément prévisible. Mais à l'inverse, c'était aussi une "surprise" qu'il n'y ait pas eu de mouvement de type "Indignés" en France en 2011. "Par rapport à l'Espagne, le crise était moindre en France et il y avait la perspective d'une alternance politique." Mais depuis, la situation économique s'est dégradée, avec un chômage qui continue d'augmenter. Selon Eddy Fougier, "la gauche au pouvoir a déçu." Le terrain était donc propice et l'étincelle a été la loi El Khomri.

"Frustration". Le chercheur explique par plusieurs facteurs cette envie de contester autrement, de se réapproprier l'espace public, de libérer la parole : "Après le 13-Novembre, il n'y a pas eu de grande manifestation spontanée comme celle du 11-Janvier." Il ajoute à cette première cause la frustration au moment de la Cop 21 : "beaucoup de manifestations étaient prévues et elles n'ont pas pu se dérouler." Et enfin, "il y a eu le premier tour des régionales avec le choc du résultat du Front national, sans manifestations comme il y a pu en avoir le 21 avril 2002."

"Intellos précaires". Mais alors qui compose ce mouvement ? Au départ des lycéens, des jeunes, mais désormais des personnes de tous les âges, selon lui, même si le mouvement est davantage marqué par "des intellos précaires, des intermittents, une certaine gauche intellectuelle qui ne se retrouve plus dans l'évolution de la gauche au pouvoir, et notamment autour de Manuel Valls." De Notre-Dame-des-Landes à la déchéance de nationalité, de ses propos sur les réfugiés ou la loi El Khomri, il voit le Premier ministre comme "la figure repoussoir."