Quel avenir pour la mobilisation contre la loi Travail ?

© FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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Margaux Baralon
SOCIAL - Les opposants à la réforme de Myriam El Khomri se mobilisent de nouveau samedi, refusant de croire à un essoufflement du mouvement.

Ils persistent, signent et défilent de nouveau. Les opposants à la loi Travail sont appelés par la CGT, FO, FSU, Union syndicale Solidaires, l'UNEF, l'UNL et la FIDL à descendre dans la rue samedi pour réclamer le retrait du texte. L'objectif est clair : amplifier le mouvement, un mois jour pour jour après la première manifestation.

"Détermination intacte". A première vue, cela semble bien parti. Le 9 mars, entre 224.000 et 500.000 personnes avaient battu le pavé dans toute la France. Le 31, la police comptabilisait 390.000 manifestants, contre 1,2 million pour la CGT et FO. Les syndicats contestataires comptent poursuivre sur cette lancée, affichant une "détermination intacte". "On souhaite que la rue, et plus globalement les salariés, soient entendus", a martelé Philippe Martinez, numéro de la CGT, vendredi sur Europe 1. La prochaine journée d'action est d'ores et déjà fixée au 28 avril.

La mobilisation étudiante en perte de vitesse. Mais d'autres chiffres sont légèrement moins encourageants pour les anti-loi Travail : ceux des mobilisations étudiantes. La première, le 17 mars, avait attiré 69.000 jeunes, selon les autorités. Ce chiffre est tombé à 43.000 le 24 mars, puis 23.800 le 5 avril. Le calendrier des vacances scolaires ne joue pas en faveur des manifestants. Ainsi, mardi, les cortèges étaient particulièrement peu fournis à Strasbourg, en congés de printemps. La zone A (Lyon, Bordeaux ou encore Dijon) s'apprête à débrayer samedi, tandis que le tour de la zone C, qui regroupe des villes où les jeunes se sont beaucoup mobilisés, comme Paris ou Toulouse, viendra le 16 avril. Il est fort à parier que les chiffres de la manifestation s'en ressentent.

Bientôt le baccalauréat.L'approche des examens et du baccalauréat a également tendance à émousser le mouvement. En cinq semaines, les élèves de Terminale ont déjà perdu près de 40 heures de cours, soit entre 10 et 20% de leur troisième trimestre. Les blocages sont donc moins bien acceptés, et moins suivis : de 176 lycées bloqués le 31 mars, il n'y en avait "plus que" 34 le 5 avril, selon les chiffres de l'Education nationale.

Les jeunes cajolés par le gouvernement. En outre, le gouvernement fait tout pour prévenir une montée en puissance des manifestations. Les jeunes ont été particulièrement cajolés, à tel point que certains syndicats, comme la Fage, n'appellent plus à descendre dans la rue. Reçus au ministère de l'Education nationale mercredi, ils seront de nouveau entendus à Matignon lundi. Même le très virulent président de l'Unef, William Martinet, s'est adouci après sa rencontre avec Najat Vallaud-Belkacem mercredi, estimant que l'exécutif se montrait plus à l'écoute.

Le succès de "Nuit Debout". Si elle s'essouffle dans sa forme la plus traditionnelle, l'opposition à la loi Travail pourrait néanmoins se réinventer, avec le succès de "Nuit debout". Né en marge de la mobilisation, ce mouvement, qui prend de l'ampleur dans plusieurs villes de France, attire des personnes moins militantes et s'étend à des sujets bien plus larges que celui de la réforme du travail.