Neige sur la route : "Tout le monde était laissé à l'abandon"

Une photo fournie par Rémi montre le défilé de voitures à l'arrêt sur la N118.
Une photo fournie par Rémi montre le défilé de voitures à l'arrêt sur la N118.
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Aude Vernuccio, édité par A.D , modifié à
TÉMOIGNAGE E1 - Sabine et sont petit garçon de 3 ans ont passé la nuit dans leur voiture à cause de la neige. Tout comme Rémi et Valentin, bloqués sur la N118. Scandalisés, ils ont livré leur témoignage à Europe 1.
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Ils sont des "naufragés de la route", à la suite de l'épisode neigeux. En région parisienne, c'est la pagaille depuis mardi soir avec plus de 700 km de bouchons enregistrés. Europe 1 a recueilli les témoignages de deux automobilistes toujours coincés sur la route mercredi matin. Ils font le même constat d'abandon.

"Rien n'a été fait". Sabine ne risque pas d'oublier la nuit terrible qu'elle vient de passer dans sa voiture avec son fils de 3 ans. Mardi soir, elle partait de Paris pour rejoindre son domicile à Vélizy, dans les Yvelines, mais elle s'est retrouvée piégée : "Je suis au bout du bout", dit-elle d'une voix fatiguée tôt mercredi matin. "Les routes n'étaient pas salées. Il n'y a aucun secours, aucune aide. Rien du tout : ni police, ni pompier, ni Croix-Rouge, rien", énumère-t-elle, amère. "J'ai croisé une déneigeuse avec la pelleteuse relevée, donc qui n'avait rien déneigé. Elle s'est arrêtée parce qu'elle ne pouvait pas passer et elle est partie. J'ai passé vraiment dix heures" dans l'habitacle, explique-t-elle, sans même finir sa phrase. "Tout le monde était laissé à l'abandon. Rien n'a été fait", martèle-t-elle.

"On aurait pu mourir congelés". Son fils a pu dormir un peu, "mais très mal", ajoute-t-elle, s'insurgeant contre ces conditions pour un petit garçon de 3 ans. "On aurait pu mourir congelés. Tout seul avec son véhicule, soit, on peut peut-être le laisser et rentrer à pied, mais quand on a des enfants, ce n'est pas possible. C'est au-delà de la mise en danger d'autrui. Je suis scandalisée avec tous les moyens qu'il y a et je suis bien placée pour le dire. Je suis fonctionnaire de police à Paris et je suis d'autant plus en colère d'entendre que tous ces messieurs-dames du gouvernement et des préfectures ont fait ce qu'il fallait faire, alors que c'est faux."

"J'utilise mon ordinateur en chauffage". Valentin aussi, s'est retrouvé bloqué sur la N118. Parti à 17h30 avec son collègue, ils ont vu les flocons tomber en abondance et ont été contraints de passer la nuit à l'arrêt, pris au piège. "On n'a pas d'eau, pas de nourriture… On n'avait pas anticipé ça", explique Valentin, qui confiait tôt mercredi matin avoir "très faim". "Apparemment, la Croix-Rouge serait passée (pour donner des vivres à ces "naufragés de la route", ndlr). Mais ils ont dû zapper une partie de la 118 car on ne les a pas vus", note le jeune homme.

Très fatigué, il se plaint surtout du froid qui règne dehors, mais aussi dans la voiture. Pour s'en préserver autant que possible, Valentin a improvisé une solution. "J'utilise mon ordinateur en chauffage en le faisant tourner à fond. Etant donné qu’on n’avait pas prévu d’être bloqué comme ça, on avait prévu de faire le plein à l’arrivée. Là, il nous reste deux crans d’essence. On optimise le réservoir, car le chauffage consomme un peu plus. On rationne l’essence en démarrant la voiture de temps en temps pour réchauffer l’habitacle afin que ce soit vivable", raconte-t-il.

Entendu sur europe1 :
On voit aux informations qu'on arrive à faire décoller des fusées dans l'espace mais on n'arrive toujours pas à dégager une route

>"Un amas de véhicules". De la même façon, Rémi, électricien qui travaille aux Ulis a vécu une nuit de cauchemar. Mardi soir, lui aussi prend la route pour rentrer chez lui à une vingtaine de kilomètres. Il est alors 17h... mais à 6h30, ce mercredi matin, il était toujours bloqué sur la nationale 118. "Je n'en vois pas la fin. Je ne sais pas comment sortir, je ne vois pas d'échappatoire. On ne peut pas faire demi-tour. C'est un amas de véhicules. Les gens sont partis se réfugier, ont abandonné leur véhicule. On n'a pas une seule sableuse, aucun déneigement, aucun service d'information. A 20h, j'ai su que ça allait rester comme ça toute la nuit."

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Une photo fournie par Rémi, montre le défilé de voitures à l'arrêt sur la N118.

Cet usager a ainsi passé la nuit sans eau, ni biscuits, ni couvertures. "Je n'ai vu personne passer. On se sent oublié. On voit aux informations qu'on arrive à faire décoller des fusées dans l'espace mais on n'arrive toujours pas à dégager une route soumise aux conditions hivernales habituelles. Ça paralyse tout un pays qui est normalement paré à ce genre de situation."