Nathalie a perdu son emploi après un arrêt maladie : "Je vais aux Restos du Cœur"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Nathalie a perdu son emploi à la suite d’un arrêt maladie de cinq mois pour se remettre de son agression. Malgré ses recherches, elle ne retrouve pas de travail et rencontre des difficultés financières. Nathalie confie, sur "La Libre antenne", craindre de ne pas retrouver d’emploi en raison de son âge.
TÉMOIGNAGE

Nathalie a été agressée il y a cinq ans et a dû s’arrêter de travailler pendant cinq mois. Elle occupait un poste depuis 20 ans, mais au retour de son arrêt maladie, son emploi ne lui a pas été restitué. Malgré ses recherches assidues, Nathalie ne parvient à retrouver pas d’emploi. Elle connaît alors des difficultés financières et craint de se retrouver à la rue. Au micro de "La Libre antenne" sur Europe 1, Nathalie, étant âgée de 58 ans, dit désespérer de retrouver un emploi.

"J’avais un travail depuis 20 ans dans le domaine juridique. Tout se passait très bien. Mes collègues et mon patron, c’était comme ma seconde famille. J’ai toujours fait mon boulot sans compter les heures. Je ne vivais que pour mon boulot. J’avais la passion de mon métier. D’autant plus que j’ai vécu une relation toxique pendant 25 ans avec quelqu’un. On s'était séparés et je m’étais dit que tant qu’il me restait mon boulot, tout allait bien.

Un soir en sortant de mon bureau, j’ai été agressée par trois mineurs. Je me suis défendue et j’ai été projetée violemment à terre. J’ai eu deux côtes cassées et une rupture du ligament de l’épaule droite. J’ai porté plainte. J’ai averti mon patron de ce qui m’était arrivé. Je suis restée allongée cinq semaines et j’ai repris mon travail. Je me suis aperçue que je ne pouvais plus porter mes dossiers, j’avais très mal. J’ai fait de la kiné pendant un an. Je ne pouvais plus lever l’épaule, je ne pouvais plus conduire, mais je travaillais quand même.

" On ne m’a pas restitué mon poste "

J’ai été opérée. J’ai dit à mon patron que je devais reprendre cinq mois d’arrêt. Il n’était pas très content. Ils ont pris quelqu’un à l’intérieur du cabinet pour me remplacer. J’ai beaucoup souffert, je ne dormais pas, mais je voulais reprendre mon travail. Je suis revenue un lundi matin. Je suis arrivée dans mon bureau et la personne était toujours là. On ne m’a pas restitué mon poste. Je n’ai pas pu voir mon patron.

J’ai pété un plomb. C’est comme si j’étais agressée une deuxième fois. Je ne m’étais jamais arrêtée en 20 ans, je n’ai pas fait de faute professionnelle. Je suis allée aux Prud’hommes. Ils m’ont dit que mon patron n’avait pas le droit de faire ça. Aujourd’hui j’ai 58 ans, quand c’est arrivé j’avais 53 ans. Les associés de mon patron m’ont proposé un poste qui ne m’intéressait pas. Le poste que j’avais avant me passionnait. Ils me proposaient un emploi subalterne. J’ai refusé.

" Il y a 820 personnes devant moi pour un logement social "

Je ne pouvais pas donner ma démission, j’avais un loyer et des charges à payer. Je n’aurais eu le droit à aucune indemnité de la part de Pôle emploi. J’ai demandé une rupture conventionnelle et je suis partie. J’ai fait de petits remplacements, mais depuis un an et demi je n’ai rien trouvé, malgré mes incessantes recherches. Être sans travail, ça agit sur mon humeur. J’ai des crises de larmes, je ne dors plus, je ne mange plus, j’en veux à la terre entière.

Avec les indemnités Pôle emploi, j’ai perdu la moitié de mon salaire, mais j’ai toujours le même loyer et les mêmes charges. Quand j’ai payé mon loyer, il ne me reste quasiment rien. Je vais aux Restos du Cœur, sinon je ne peux pas manger. Ça devient très grave. J’ai contacté une assistante sociale. Il y a 820 personnes devant moi pour un logement social. Je ne suis pas prioritaire parce que je n’ai pas d’enfant.

On m’a annoncé que dans trois mois, je toucherai le RSA, 520 euros par mois. Ça ne paiera pas mon loyer. J’ai deux solutions : soit je vais sous les ponts, soit je me suicide. Et je n’irai pas sous les ponts. Si par miracle je trouve un boulot même dans un autre département, je partirai. Je ne sais plus quoi faire. J’ai besoin de travailler, quitte à arrêter le notariat. On a parlé de reconversion avec ma conseillère Pôle emploi, mais dans quoi me reconvertir à 58 ans ? Il y a des jours où je n’ai plus envie de me lever. Je ne sais pas où je vais me retrouver."