Mode : la fripe et le vintage, nouvelles stars des consommateurs

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Jean-Pierre Montanay, édité par Mathilde Durand
Acheter des vêtements d'occasion est la nouvelle tendance. Les marques s'y mettent et les applications comme Vinted démocratise la fripe. Le signe d'une nouvelle consommation plus responsable, plus maligne, selon notre chroniqueur Jean-Pierre Montanay. 

Le marché de l’habillement neuf a reculé l’an dernier, alors que le vêtement d’occasion cartonne. Demain,  la fripe sera-t-elle la nouvelle star de la mode ? Même chez Weston, chausseur de luxe, le tabou est tombé : dans les boutiques aux cotés des mocassins neufs, dernier cri, à plusieurs centaines d’euros, trônent de vieux modèles, déjà portés. Des "secondes main" reprises puis restaurées, avant d’être remises en vente par l’enseigne beaucoup moins cher. Un signe d'une consommation plus responsable, mais aussi une nécessité pour certains.

Vinted, l'expert de la fripe

La griffe chic pour enfant "Petit Bateau" a monté un espace réservé à ses clients dédié aux ventes d’occasion. Des marques comme Cyrillus, Levi’s, North Face ou Patagonia ont même lancé de nouvelles lignes de vêtements usagés, à prix cassés. Les marques lancent leur offensive face aux sites spécialisés dans le vintage qui se développent. 

Comme Vinted, la startup lituanienne qui a transformé chacun de nos ados en expert de la fripe. Un vrai phénomène de société. Dix millions d’utilisateurs sont déjà comptabilisés en France. Fin 2019, c’était l’un des dix sites les plus consultés. Le cœur de cible : les 15-35 ans, qui achètent et vendent leurs habits, souvent en bon état et très peu portés. Vinted surfe sur la "déconsommation" et sur l’esprit de communauté.

La tendance de porter des vêtements d'occasion

Le vintage est érigé en nouveau mode de vie. Évalué à un milliard d’euros, ce marché français du vêtement d’occasion devrait dépasser celui du neuf dès 2028. Une surprise quand il y a encore quelques années, glisser son pied dans une chaussure ou ses fesses dans un pantalon déjà portés était la honte. Aujourd’hui, c’est tendance. Porter du neuf n’est plus un marqueur social ou culturel.

Acheter pour acheter a perdu de son sens. Au contraire, contourner l’achat traditionnel, être malin est devenu la norme du nouveau consommateur intelligent et responsable. Voilà pour la version bobo car il y aussi tous ceux qui se tournent vers l’occasion par nécessité. 50% de notre garde robe croupit dans les placards ou dans les bennes de recyclage, sans parler du monstrueux gaspillage vestimentaire. Si toutes ces fringues repartent dans l’économie circulaire, le marché du vêtement neuf demain risque "d’aller se rhabiller".