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Pour Leïla de Comarmond, le mouvement social de la CGT est lié à sa propre crise interne, et tente de rassembler en entrant en conflit avec le gouvernement.
INTERVIEW

La CGT ne désarme pas. Le principal syndicat de France poursuit la mobilisation pour exiger le retrait de la loi Travail. Grèves, blocages de raffineries et maintenant appel au mouvement dans les centrales nucléaires : la CGT a surtout un besoin de s'affirmer face au gouvernement et de rassembler autour d'elle, analyse Leïla de Comarmond, journaliste aux Echos et auteur de Les 20 ans qui ont changé la CGT. "On a une CGT qui a eu un congrès assez compliqué pour Philippe Martinez, qui est arrivé à la tête de cette organisation à la suite d'une crise majeure - liée à un scandale de train de vie de son prédécesseur - et qui a besoin de s'affirmer à la tête de cette organisation", explique-t-elle dans Europe nuit mardi.

Philippe Martinez en chef de guerre. "La CGT, ce n'est pas une organisation monolithique où le centre décide et les militants obéissent. Mais ce qui est sûr, c'est que Philippe Martinez veut surfer sur ce mouvement social, il se l'est approprié et il s'est transformé en chef de guerre", poursuit Leïla de Comarmond, faisant allusion à l'image du leader syndical, débout sur un barrage, jetant un pneu dans un brasier. Alors que le gouvernement a fait le choix de l'interlocuteur privilégié avec la CFDT - concédant un certain nombre de points à la CFDT pour calmer le mouvement social autour de la loi Travail -, la CGT est rentrée en conflit contre le gouvernement.

En conflit contre le gouvernement. "Pour s'affirmer, un discours contestataire est un discours qui peut rassembler, surtout face à un gouvernement qui est dans une posture extrêmement raide", explique Leïla de Comarmond. "Philippe Martinez veut resserrer les rangs au sein de la CGT, et s'affirmer à la tête de la CGT dans un contexte où il sent une colère d'un peuple de gauche alors que le Premier ministre a dit qu'il y avait deux gauches irréconciliables dans ce pays", détaille-t-elle. Mais le danger pour Philippe Martinez, comme pour Manuel Valls, sera de trouver une sortie de crise. Alors que le gouvernement semble peu enclin à retirer le texte de loi, la CGT quant à elle s'accroche à cette revendication.