Mission Racine, dune et architecture révolutionnaire : aux origines de La Grande-Motte

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Particulièrement prisée en période de vacances estivales, la ville de La Grande-Motte dans l'Hérault est une étape incontournable du département, avec ses plages et ses bâtiments atypiques. "La France bouge" a braqué les projecteurs sur cette station balnéaire et en a retracé ses origines, d'un banc de sable à la ville touristique d'aujourd'hui.

C'est l'une des stations balnéaires très prisées du sud de la France. La Grande-Motte, située à une trentaine de kilomètres de Montpellier dans l'Hérault, attire chaque année nombre de touristes sur ses plages. Il s'agit d'une "ville nouvelle" créée en 1963 qui avait justement pour objectif d'attirer les vacanciers. Avant cette date, mis à part du sable et trois fermes, il n'y avait rien à cet endroit. Europe 1 a retracé l'histoire de cette commune atypique bordée par la Méditerranée.

La mission Racine pour rendre le littoral attractif

Dans les années 1950-1960, la France est en pleine période des Trente Glorieuses. Les Français partent de plus en plus en vacances, au soleil et au bord de la mer, mais le plus souvent sur le littoral espagnol. Ils boudent le sud de la France tout simplement parce qu'il n'y a pas d'infrastructures suffisantes pour les recevoir. Le gouvernement de l'époque met alors en place la mission Racine, qui a pour objectif de réfléchir et de faire sortir de terre six stations balnéaires.

Parmi elles, donc, La Grande-Motte. Mais il faut attendre dix ans pour que la commune devienne une ville à part entière. "En réalité, elle appartenait à la commune de Mauguio-Carnon, qui est de l'autre côté de l'étang de l'Or", explique William Serva, archiviste de la ville au micro d'Europe 1.

Son nom provient de celui d'une grande dune

L'archiviste souligne que la station balnéaire "a eu son indépendance et a été déclarée commune le 1er octobre 1974, suite à la manifestation des habitants. Ils voulaient cette indépendance car la commune-mère de Mauguio-Carnon était de l'autre côté de l'étang. Tous les services administratifs quasiment étaient installés là-bas, donc c'était assez loin pour les habitants", relate-t-il dans l'émission La France bouge.

D'où vient alors son nom ? Son origine est tout simplement dû à la géographie. La ville est proche de Montpellier, au bord de la mer Méditerranée. À cet endroit, le paysage est plat, sauf une grande dune qui servait depuis très longtemps comme moyen de repère pour les navigateurs : c'est la Grande motte. C'est pour cela que les principaux bâtiments d'habitation ont la forme d'une dune, qui est à l'époque une architecture révolutionnaire.

Construite à l'époque du "balnéaire pour tous"

En réalité, tout dans cette commune est révolutionnaire. D'abord, par sa raison d'être : elle est faite pour le tourisme. "Le balnéaire pour tous", selon les mots de l'époque. La Grande-Motte est aussi la première ville d'Europe à enterrer tous ses réseaux, électriques et téléphone. Une vision nouvelle qui provient de l'architecte de la commune, Jean Balladur, qui n'est autre que le cousin de l'ancien Premier ministre Édouard Balladur.

"Toutes les infrastructures ont été très rapides. C'est l'État qui les a mises en route, toutes les voies de communications, les adductions d'eau", renseigne William Serva, qui poursuit : "Après, pour la construction de la ville, les promoteurs qui achetaient des terrains ont remboursé la totalité de l'opération."

Un label Architecture contemporaine remarquable

L'archiviste ajoute à Europe 1 que "depuis 2010, la station balnéaire de La Grande-Motte possède le label Architecture contemporaine remarquable, pour l'exceptionnelle qualité de son urbanisme, de son architecture et de son aménagement paysager".

L'autre particularité de la commune héraultaise est qu'elle est très verte, résultat d'une volonté de Jean Balladur. À l'époque, les touristes faisaient parfois des dizaines d'heures en voiture sans climatisation parce que celle-ci n'existait pas. L'architecte voulait absolument que les vacanciers ressentent la fraîcheur de la verdure. "70% de la superficie de la ville est en espaces verts, espace naturel. Il n'y a que 30% de bâti", souligne William Serva.

Plus de 120.000 touristes l'été

"C'est une ville-parc", poursuit l'archiviste de la commune. "Quand on a créé La Grande-Motte, il y avait des essences végétales qui ne pouvaient pas se développer sur ce terrain assez hostile. Maintenant, avec la protection végétale, toute cette canopée qu'il y a au-dessus crée un microclimat autour de la ville. Il y a vraiment une sorte de bulle climatique", évoque-t-il.

Aujourd'hui, la ville remplit toujours sa mission. La Grande-Motte compte 8.600 habitants à l'année et plus de 120.000 touristes l'été. La commune fait également partie d'un club très fermé de villes dans le monde construites sur des terrains vagues, avec la capitale du Brésil, Brasilia, créée par Oscar Niemeyer, et la ville de Chandigarh en Inde qui a été pensée et conçue par Le Corbusier.