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Thibaud Le Meneec , modifié à
Avec des parents souvent absents, Mélissa a dû prendre en charge une partie de l'éducation de ses petits frères lorsqu'elle était plus jeune. Elle en retire un peu de frustration mais beaucoup d'expérience, comme elle l'a expliqué à Olivier Delacroix sur Europe 1, vendredi.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Mélissa est un peu plus qu'une grande sœur : elle s'est longtemps occupée de ses frères, de quatre et six ans ses cadets. Un rôle de maman avant l'heure, né des empêchements professionnels de ses propres parents, qui l'a plusieurs fois contrariée. Mais aujourd'hui, à 27 ans et avec une maturité plus prononcée que les gens de son âge, elle se sent "heureuse" d'avoir vécu cette expérience, racontée vendredi au micro Europe 1 d'Olivier Delacroix.

"J'étais très heureuse d'avoir des petits frères. Mes parents avaient leur propre magasin de cuisine et ils travaillaient énormément, avec des rendez-vous clientèle qui pouvaient se tenir tard dans la journée. En plus, le travail était à environ une heure de route de la maison. En début d'adolescence, j'ai commencé à m'occuper d'eux pour le goûter, les devoirs, les faire manger, faire le ménage dans la maison… Je gérais tout à la maison.

"T'es pas maman !"

Au début, ce n'était pas une évidence mais après, j'ai pris mon rôle à cœur et j'étais fière. Je trouvais que c'était agréable et normal de m'occuper de mes petits frères. Pour eux, c'était compliqué, car je n'étais pas leur maman. Je n'étais 'que' la sœur. Ils me disaient souvent 't'es pas maman !'. Ils étaient trop jeunes pour comprendre que j'étais là pour les aider. À l'âge que j'avais, je ne comprenais pas qu'ils ne m'obéissent pas. 

 

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Je n'avais pas vraiment de temps pour moi, aller voir des amis était très rare. Ma grand-mère était très présente car elle habitait en face de chez nous. Quand ça n'allait pas, je l'appelais pour qu'elle vienne gérer la situation avec mes frères. Par contre, on n'en a jamais vraiment parlé avec mes parents mais je pense que c'était normal pour eux de me voir m'occuper de mes frères. Ils devaient se dire : 'Si elle ne se plaint pas, c'est que ça va'. Le jour où je suis partie, j'ai eu un gros déchirement, l'impression d'abandonner le plus jeune, de le laisser tout seul.

"J'ai tout de suite été très mature et très responsable dans la vie"

J'ai tout de suite été très mature et très responsable dans la vie. J'avais des valeurs qui n'étaient pas de mon âge. Je suis un peu stricte. J'ai cette maturité plus élevée que les autres personnes de mon âge, et tout vient du fait que j'ai grandi trop vite en m'occupant de mes frères. Vu que je ne sortais pas, je n'ai pas pu me créer un cercle d'amis important. J'étais plus casanière, avec des choses d'adultes. J'ai toujours été rejetée vu que je leur disais que je ne comprenais pas pourquoi ils buvaient et allaient en boîte. Aujourd'hui, j'ai deux très bonnes amies, et c'est tout.

Il y a eu une période où j'en ai un peu voulu à mes parents, mais après, j'étais heureuse dans mon rôle car j'aimais beaucoup mes frères. Être l'aînée d'une fratrie, je ne dirais pas que c'est une chance, car j'aurais bien aimé avoir quelqu'un au-dessus de moi pour m'aider. On n'a pas d'épaules sur qui pleurer quand ça ne va pas. On a un rôle important, mais on n'a pas une personne protectrice.

Aujourd'hui, je n'en veux pas du tout à mes parents car je suis autonome et mature. Je suis heureuse. Vu que j'ai déjà vécu le rôle d'une maman, je pense que je saurais gérer les situations, comment faire avec mon enfant. Je serai moins stressée le jour où je deviendrai mère."