Police Harcelement AFP 1:44
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Thibaud Le Meneec , modifié à
En 2012, Marine a été victime d'agressions sexuelles de la part du supérieur hiérarchique de sa nouvelle brigade. Près de sept ans plus tard, elle tente de se reconstruire.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Pour Marine, policière, l''enfer" a commencé à l'hiver 2012, quand le supérieur hiérarchique de sa nouvelle brigade a commencé à la harceler devant ses collègues. Il l'a ensuite agressée sexuellement à trois reprises. Aujourd'hui, à 27 ans, hospitalisée et en colère, elle tente difficilement de se reconstruire après ce traumatisme, comme elle l'a raconté à Olivier Delacroix sur Europe 1.

"J'étais adjointe de sécurité dans la police nationale, un corps de métier assez hiérarchisé où règne la loi du silence. À partir du moment où on commence à dénoncer ce qui se passe, on est mis au placard. Ça a été un véritable enfer.

Elle met du rouge à lèvres, il la traite de 'coquine'

J'ai été pendant un an à l'école de police, où ça s'est très bien passé. Et puis j'ai été affectée dans un commissariat, avant de demander à changer de brigade pour des raisons personnelles. Lorsque j'ai intégré cette brigade-là, en février 2012, cela a commencé par des propos sexistes, déplacés voire crus. J'avais eu le malheur, un jour, de mettre du rouge à lèvres. Il m'a dit que j'étais 'coquine'. C'étaient des phrases tout aussi gênantes, devant tout le monde. Il y a aussi eu trois agressions sexuelles.

 

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Il me menaçait de faire des rapports concernant mon travail, qui a toujours été très bien fait. J'ai toujours été professionnelle. D'ailleurs, c'est ce qu'ont dit mes supérieurs hiérarchiques lorsqu'ils ont été auditionnés. Lui, il se servait de ça pour que je me taise. Il me traitait de 'bonne à rien'. J'avais tellement peur pour ma carrière, car le métier de policier était celui que je convoitais. Mon avenir était tout tracé. J'ai serré les dents et j'ai laissé faire.

Une première plainte classée sans suite

Je n'ai pas dénoncé ces agressions aussitôt. Il m'a fallu un an pour déposer plainte, alors que j'étais en arrêt-maladie aussitôt après les faits. C'est lors d'une hospitalisation que j'ai révélé ce qui s'était passé. J'ai porté plainte en mai 2013, classée sans suite en décembre suivant.

L'affaire a ensuite été reprise. En février 2018, son supérieur hiérarchique a été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme, avec obligation de soins et interdiction d'exercer. Il a fait appel, qui a un effet suspensif.

Je suis en colère contre la justice. Premièrement, je n'ai aucune protection. Il peut me tuer demain s'il le veut. Je me dis que ce n'est pas possible qu'il puisse continuer à exercer. Je ne comprends pas ce système alors que moi, je galère pour me reconstruire et revivre. Aujourd'hui, c'est de la survie. Ça a touché tout mon entourage, ma famille, mes amis… Actuellement, je suis hospitalisée. J'ai des hauts et des bas. J'ai beaucoup de soutiens qui m'aident à me concentrer sur un avenir, mais j'ai du mal à faire le deuil de la profession."