L'opération Wuambushu à Mayotte se poursuit, malgré l'annulation de la destruction d'un bidonville. 2:37
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William Molinié et Louis de Raguenel avec AFP // Crédit photo : Morgan Fache / AFP , modifié à
Malgré les tensions sur l'île, l’opération Wuambushu à Mayotte se poursuit. Alors que devait débuter ce mardi la destruction d'un premier bidonville, le tribunal de l'île a suspendu l'arrêté de destruction du préfet. Un nouveau revers pour l'État, après celui du refus des Comores de récupérer ses ressortissants.
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L’opération Wuambushu à Mayotte se poursuit alors que l’île est sous tension. Ce lundi, des affrontements ont encore eu lieu entre des jeunes délinquants et les forces de l’ordre au sud de Mamoudzou, la préfecture de l'île. Malgré le climat de tension, les premières destructions de bidonvilles, communément appelés les "bangas" devaient commencer ce mardi. 

Mais au tout dernier moment, une décision de justice tombée dans la nuit a fait capoter l’opération. Les premiers coups de pelleteuse qui devaient être donnés ce mardi matin dans un bidonville de Majicavo au Nord de Mamoudzou, ont été annulés. Mais lundi, des habitants, soutenus par un collectif d’avocats, ont déposé un recours. Le tribunal leur a donné raison et a suspendu l’arrêté de destruction du préfet.

L'État peut encore faire appel

Résultat, pas d’opération ce mardi matin, confirme à Europe 1 une source sécuritaire. Néanmoins, l’État peut encore faire appel de cette décision et d’autres décasages sont prévus dans la journée. "C'est une opération qui se fera car la décision n'a pas de fondement juridique, c'est une décision politicienne. (...) Il est venu le temps que l'État affirme clairement qu'il entend reprendre en main la situation à Mayotte et ne pas laisser ce département à la dérive", défend Mansour Kamardine, député LR de Mayotte. 

Les "bangas", ces logements insalubres, sans eau ni électrique, construits en tôles ondulées, s'accumulent sur les hauteurs des villages. Unique possibilité pour y accéder : la marche. Beaucoup d’occupants, des étrangers en situation irrégulière, sont déjà partis et ont eux-mêmes détruit leur propre case. Dans ce bidonville, il ne reste que ceux qui sont accessibles à un relogement.

Une opération qui prend du plomb dans l'aile

L’État s’est engagé à leur trouver un nouveau toit mais les associations s’y opposent. Autre difficulté pour les autorités : la gestion des sans-papiers. Les forces de l'ordre vont se retrouver rapidement face à une gestion compliquée du flux d’interpellation des immigrés sans papiers. Car les Comores ne veulent pas récupérer leurs ressortissants.

Le volet lutte contre l’immigration clandestine de cette opération a pris du plomb dans l’aile, a tel point que désormais, l'opération Wuambushu se concentre sur la délinquance et la destruction des bidonvilles.

Changement d'objectif

Pourtant, au tout début de l'opération, il était question de 20.000 expulsions en quelques mois seulement, avant d'être divisée par deux. Car la France se heurte au refus des Comores de récupérer leurs ressortissants illégaux. Ce lundi midi, un bateau avec 36 clandestins expulsés est parti de Mayotte, pour se rendre en direction de l’île comorienne d’Anjouan. Mais seulement quelques heures plus tard, le navire a dû faire demi-tour et revenir au port français. Les migrants eux, sont retournés dans le centre de rétention administrative, qui ne dispose de seulement 140 places pouvant être porté à 200. Un camouflet pour le volet immigration de cette opération.

Désormais, les expulsions d’étrangers en situation irrégulière vont se concentrer sur les Malgaches et les Africains, alors que la population irrégulière à Mayotte est composée à 80% de Comoriens. Selon les informations recueillies par Europe 1, un avion va reconduire chez eux des Sri-Lankais illégaux et jeudi, des Malgaches seront expulsés.