Marie-France famille d'accueil 1280 1:30
  • Copié
François Coulon, édité par Romain David
En France, 500 familles accueillent des délinquants mineurs pour leur offrir une alternative à la prison. Mais elles sont vieillissantes et les recrutements sont difficiles.
TÉMOIGNAGE

Près de 500 familles françaises accueillent chez elles des délinquants mineurs. Il s’agit de leur éviter la prison, mais aussi de les aider à se reconstruire. La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) cherche désormais à développer ce dispositif éprouvé depuis plusieurs années. Car si les familles d'accueil sont particulièrement adaptées pour les jeunes trop fragiles pour vivre en foyer, celles-ci sont de plus en plus vieillissantes et la PJJ a de plus en plus de mal à recruter. 

"On ne le fait pas du tout pour l'argent, mais pour rendre service à des jeunes qui sont mal partis dans la vie", témoigne au micro d’Europe 1 Marie-France, une accueillante de Vendée. "On essaie juste de leur redonner une chance !". Les familles sont sélectionnées pour leurs compétences parentales et défrayées à hauteur de 36 euros par jour. En dix ans, cette femme a accueilli près d’une vingtaine de délinquants. "Aucun criminel", précise la sexagénaire, même si au début certains sont plutôt difficiles à appréhender.

"Quand ils arrivent, on sent bien qu’il ne faut pas les chercher parce qu’on va les trouver", explique Marie-France. La plupart des jeunes qu’elle accueille ont eu affaire avec la justice pour des histoires de vols. "Ils nous racontent ça en rigolant, comme s’ils se vantaient. Je ne leur fais pas de compliment. Je leur dis souvent qu’ils n’aimeraient pas qu’on leur prenne leurs affaires."

Retrouver une vie structurée, réapprendre à faire confiance à des adultes

Chez Marie-France, ces jeunes retrouvent de l’apaisement et un rythme de vie proche de la normale. "Quand ils arrivent, ils sont bien excités, et puis quand ils repartent, ils sont un peu mieux armés. Ils savent qu’ils peuvent faire autre chose que de continuer à faire les rigolos."

"Certains sont en errance depuis un moment, ils ont un rythme biologique dégradé, ils vivent la nuit depuis pas mal de temps", relève Larbi Guessaïmi, membre de la Protection judiciaire de l’enfance. "On va essayer de proposer de l’humanité, de pacifier leurs rapports avec l’adulte, qu’ils puissent s’appuyer sur des adultes fiables pour avancer." Grâce aux familles d’accueil, certains jeunes retrouvent la scolarisation à la place de la prison. "Ça ressemble à une métamorphose et ça motive !", conclut Marie-France.