Marie, 27 ans, a été victime de harcèlement scolaire : "il m'a regardée d'un air : 'Tu vas mourir' "

Harcèlement scolaire, cour de récréation, AFP 1280
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Grégoire Duhourcau
Marie a été victime de harcèlement scolaire dans sa jeunesse. "Ça a été extrêmement violent", a-t-elle confié au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.
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Marie, aujourd'hui âgée de 27 ans, a été victime de harcèlement tout au long de sa scolarité. Elle a confié chez Olivier Delacroix sur Europe 1 en avoir gardé des souvenirs "très traumatisants" même si ce n'est que récemment que les principaux détails lui sont revenus en mémoire.

"Ça m'est revenu de manière extrêmement brutale il y a à peu près deux ans et demi quand je suis tombée sur des témoignages sur les réseaux sociaux. En lisant différents témoignages, je me suis dit : 'Mais mince ! Ça fait écho à ce que j'ai vécu.'

"Ce n'était pas seulement des mots, c'était des coups aussi"

On peut [parler d'une amnésie traumatique]. Quand ça m'est revenu, je suis remontée vers le CM1-CM2. [J'en garde des souvenirs] très traumatisants puisque suite à cela, j'ai eu des problèmes de santé. Ça a été extrêmement violent. Ce n'était pas seulement des mots, c'était des coups aussi. Notamment en CM2. CM1 et CM2, ça a été les deux années où c'était extrêmement violent au niveau des coups. En CM2, je me souviens très bien de sortir des toilettes et croiser mon harceleur qui me regarde, l'air de me dire : 'Tu vas en baver.'

 

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Il m'a vraiment visée. Il m'a regardée d'un air : 'Tu vas mourir.' Comme je le connaissais vraiment très bien, je me suis dit : 'Bon, ben c'est pour moi.' J'ai fait demi-tour dans les toilettes, il m'a poursuivie. J'ai tout fait pour réussir à fermer la porte. Il s'est acharné sur la porte, il sortait de ses gonds. C'était quotidien.

"Je n'étais pas du genre à répondre"

J'étais une jeune fille très timide et malheureusement, avec quelques soucis à côté qui ont fait que je n'avais pas vraiment confiance en moi. Moi, je me disais : 'Ça va passer.' Finalement, ça n'est jamais passé. [J'étais une proie idéale.] Je ne répondais pas, je n'étais pas du genre à répondre. Les adultes me disaient toujours : 'Ne leur réponds pas, ça va passer.' Finalement, c'est en ne répondant pas que ça a empiré.

[J'ai porté plainte] en 3ème. Quand je suis allée à la gendarmerie, j'avais la peur au ventre. J'avais peur d'être jugée. Étonnamment, c'était la première fois de ma vie qu'on me disait : 'On vous croit, on va faire quelque chose.' Les gendarmes sont arrivés au lycée, j'étais dans un lycée professionnel en 3ème. De mon côté, quand les gendarmes sont partis, j'en ai bavé. Au lycée, tout le monde, même les gens que je ne connaissais pas, me regardaient, me traitaient de balance.

Revoir son harceleur "a réglé énormément de choses"

[Plus tard, certains de mes harceleurs ont accepté de me présenter leurs excuses.] Notamment, l'un des plus violents, de CM1-CM2. On s'est vus, on a parlé pendant au moins cinq heures et ça m'a fait beaucoup de bien. Une fois que je l'ai vu, ça a réglé énormément de choses dans ma vie."