Maltraitance animale : vote quasi unanime des députés, après quelques prises de bec

La plupart des députés ont salué "une première avancée" demandée par les Français.
La plupart des députés ont salué "une première avancée" demandée par les Français. © GONZALO FUENTES / AFP
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avec AFP
La proposition de loi contre la maltraitance animale a été adoptée à l'Assemblée nationale vendredi. Si le texte a recueilli une quasi-unanimité, les débats ont été parfois tendus. Certains ont salué un premier pas dans le domaine du droit animal, quand d'autres ont regretté une forme de "sensiblerie" et de nombreux sujets laissés de côté.

Des échanges souvent enflammés, des moments de concorde et aussi quelques bras de fer avec le gouvernement : l'Assemblée nationale a adopté vendredi à la quasi unanimité une proposition de loi étendard de la majorité pour lutter contre la maltraitance animale. Ce texte, validé par 79 voix pour, et deux contre issus du groupe UDI, doit maintenant passer au Sénat en première lecture. La plupart des députés ont salué "une première avancée" demandée par les Français.

 

La proposition de loi doit aider à éviter les achats impulsifs d'animaux de compagnie, qui conduisent à trop de délaissements ensuite, quelque 100.000 bêtes étant abandonnées chaque année en France. A l'unanimité, l'Assemblée avait voté dès mardi en faveur du nouveau "certificat d'engagement et de connaissance" qui sera remis lors de la première acquisition d'un animal de compagnie. Il rappellera les obligations de soins, de vaccination et les coûts liés (nourriture, vétérinaire...). La vente en ligne d'animaux de compagnie sera réservée aux refuges et éleveurs. Vendredi, les députés, là-aussi unanimes, ont durci les sanctions pour maltraitance, les portant notamment à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende en cas de sévices graves.

"Un signal fort"

Face à la récente vague de mutilations de chevaux ou aux vidéos de "happy slapping" (agressions) mises en ligne, il s'agit d'envoyer "un signal fort", a fait valoir Dimitri Houbron (Agir), co-auteur de la proposition de loi avec deux députés LREM, Loïc Dombreval et Laëtitia Romeiro Dias.

Dans la dernière ligne droite, les députés ont validé d'autres articles reprenant des engagements du gouvernement de septembre : interdire progressivement la détention d'animaux sauvages dans les cirques itinérants et dans les delphinariums, la présence de tels animaux sur des plateaux de télévision, en discothèque ou lors de fêtes privées, et encore fermer les élevages de visons. La fermeture a été étendue en séance à tous les élevages dédiés exclusivement à la production de fourrure.

Les députés UDI voient dans les dispositions adoptées un "cheval de Troie" pour la fermeture ensuite des zoos. Des LR redoutent "un remède pire que le mal" pour ces animaux sauvages au devenir incertain. Daniel Labaronne (LREM) a remis en cause les "pseudo études scientifiques" appuyant ces mesures d'interdiction. Mais, pour la secrétaire d'Etat à la Biodiversité Bérangère Abba, "notre perception de la captivité a réellement changé" et "notre responsabilité est de dépassionner ces sujets".

Certaines problématiques laissées de côté

Les députés ont cependant refusé de donner un "chèque en blanc" au gouvernement, qui souhaitait définir par simple arrêté la liste des espèces interdites en itinérance. "Le gouvernement se fait désavouer par la majorité", a observé la droite. Cela a été le cas à d'autres occasions depuis mardi. Les députés se sont ainsi prononcés pour l'interdiction en 2024 de la vente des chats et chiens en animalerie, comme demandé par les associations de protection des animaux au nom de leur bien-être alors que le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a fait valoir (en vain) le travail des salariés de ces établissements ainsi que les contrôles opérés.

La proposition de loi a laissé de côté divers sujets qui fâchent comme la chasse, l'élevage intensif ou la corrida, au grand dam de nombreux parlementaires. "Nous sommes restés sur de la sensiblerie" à l'égard de certains animaux, a taclé François-Michel Lambert (Libertés et territoires).