Banque de France. 1:33
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Carole Ferry, éditée par Manon Fossat , modifié à
En pleine crise économique du fait du coronavirus, l'association de défense des consommateurs, l'UFC-Que Choisir, s'inquiète pour les détenteurs de crédits. Elle alerte sur les manoeuvres des banques, qui confient de plus en plus à des organismes de recouvrement, aux méthodes parfois brutales, le soin de les débarrasser de leurs crédits impayés. 

En pleine crise économique liée au coronavirus, l'UFC-Que Choisir s'inquiète pour les détenteurs de crédits. Car le nombre d'impayés pourrait exploser dans les mois qui viennent (en particulier quand les aides de l'Etat s'arrêteront) et l'association de consommateurs craint que les banques ne se débarrassent des crédits impayés en les confiants à des organismes de recouvrement, plutôt que de tenter de trouver une solution à l'amiable. Les plaintes à ce sujet ont même augmenté de 15% sur un an.

Eviter d'ébranler le système bancaire

Si l'UFC-Que Choisir s'inquiète, c'est que même la Commission européenne tente de trouver des solutions actuellement pour aider les banques à se débarrasser massivement de leurs crédits impayés, afin d'éviter d'ébranler le système bancaire. Et lorsqu'une banque se débarrasse d'un impayé, elle le revend à une société de recouvrement aux pratiques souvent délétères.

Laeticia, mère de quatre enfants, en sait quelque chose. Elle s'est laissée envahir par la spirale des crédits renouvelables et c'est une grande enseigne de meuble qui a revendu sa dette. Sa vie est alors devenue un enfer : "Le crédit était à 2.504 euros et il est monté à 5.200 euros avec les frais qu'ils m'ont pris. Et ils faisaient tout pour récupérer leur argent, jusqu'aux lettres d'intimidation me disant qu'ils allaient venir à mon domicile", raconte la jeune femme. "Je me suis dit que j'allais perdre mon appartement, que j'allais tout perdre, que mes enfants allaient être à la rue. C'était du harcèlement, ils ont réussi à retrouver ma belle-mère qui n'était même pas au courant. J'avais tellement honte."

Harcèlement et intimidation...Des pratiques "sans foi ni loi"

Alain Bazot​, président d’UFC-Que Choisir, était l'invité d'Europe Matin jeudi. Selon lui, avec l'impact de la crise sanitaire et la situation économique qui se dégrade, la Banque de France n'attend pas moins de 7 milliards de crédits douteux, c'est-à-dire avec des difficultés de remboursement. "Les banques, plutôt que de massivement tenter de sauver les crédits, en donnant de l'air aux emprunteurs ou en rééchelonnant la dette, préfèrent céder ces créances à des sociétés de recouvrement. Et les emprunteurs sont ensuite confrontés à des pratiques sans foi ni loi", explique-t-il.

L'UFC-Que Choisir dénonce également la revente de dettes qui ont pourtant été annulées par la Commission de surendettement, autrement appelés les "crédits fantômes". L'association demande par ailleurs une meilleure information des emprunteurs quand leur crédit est revendu, afin de leur laisser une chance de trouver une alternative.