Loi Travail : la peur du péril jeune

Image d'illustration de l'Unef.
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C.P. avec Antonin André , modifié à
Une journée de mobilisation contre la loi El Khomri se prépare mercredi 9 mars. Le gouvernement et le chef de l’Etat ont peur que la jeunesse s’enflamme car le Parti Socialiste n’a plus aucun relais dans les universités.

Une mobilisation le 9 mars. Une journée de mobilisation contre la loi El Khomri se prépare mercredi 9 mars. Le gouvernement et le chef de l’Etat ont peur que la jeunesse s'enflamme car le Parti Socialiste n’a plus aucun relais dans les universités. La direction du PS n’a, en effet, plus aucun lien avec le puissant syndicat étudiant Unef mais de surcroit l’Unef s’est lui-même violemment retourné contre son ancien tuteur. 

Qui se cachent derrière les étudiants ? Alors qui mobilise ces étudiants dans l’ombre ? Des anciens du gouvernement, comme Benoit Hamon qui est resté très influent au sein du mouvement étudiant, sont à la manoeuvre. Son bras armé est le député et ancien patron de l’Unef, Pouria Amirshahi, qui vient de claquer la porte du PS. C’est lui qui a installé l’actuelle direction du mouvement et activé l’entrée dans la manifestation de l’Unef. Enfin, la troisième dent du trident qui veut faire tomber la loi El Khomri, c’est Caroline de Haas, elle aussi une ancienne dirigeante de l’Unef. La jeune femme est à l’initiative de la pétition en ligne contre la loi Travail qui rassemble plus d’1,1 million de signatures et coordonne la mobilisation des étudiants. Et c’est d’autant plus périlleux pour François Hollande que Benoit Hamon et Pouria Amirshahi ne ciblent pas uniquement la loi El Khomri. Eux, veulent la tête de Manuel Valls donc ils vont tout faire pour que les universités s’enflamment.

François Hollande n’a plus aucun lien avec les jeunes. Longtemps Julien Dray a été, pour François Mitterrand, le lien avec l'Unef. Mais aujourd'hui, François Hollande n’a plus de lien avec le syndicat étudiant. Le président de la République espérait compter sur son atout jeunesse, Najat Vallaud-Belkacem, mais elle n’a aucun écho dans les facs. La preuve en est, en janvier, quand le président voulait faire un grand meeting en banlieue pour rassembler la jeunesse. Najat Vallaud-Belkacem avait été incapable de l’organiser et cela s’était terminé par un discours à la Maison de la radio.

Le report de la loi est un signe de fragilité. On mesure donc aujourd’hui toute la fragilité du président. Le report de la loi El Khomri est d’ailleurs un signe. Il a d’ailleurs pris cette décision au lendemain du 24 février, jour où l’Unef a lancé la mobilisation. Donc François Hollande a certainement en tête cette phrase de Mitterrand en 1968, qui lui-même avait sous-estimé l’ampleur de la fronde des universités : "si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort".