Logement 3:16
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Mathilde Durand , modifié à
Alors que le gouvernement présente un nouveau plan pour l'occupation des logements vides, le président de l'UNPI (Union nationale de la propriété immobilière) salue "une bonne idée" du ministre du Logement, Julien Denormandie. Il demande en revanche plus de libertés pour les propriétaires et moins de taxes.  
INTERVIEW

Le gouvernement vient de dévoiler une série de mesures pour inciter les propriétaires privés et les entreprises à louer leurs logements vides. Le plan est incitatif : quelques 18.000 propriétaires vont recevoir des lettres en ce sens. Si le plan déçoit au niveau des associations, les propriétaires apprécient la philosophie générale. "Le plan part d’une bonne idée du ministre du Logement, Julien Denormandie", réagit sur Europe 1 Christophe Demerson, président de l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI). "Il rappelle le caractère suprême du droit de propriété : c’est bien, cela va rassurer les propriétaires."

"La philosophie n'est pas mauvaise", ajoute-t-il. "Quand on parle de logement, on parle souvent taxe et amende, mais là justement on parle d’incitation et d’accompagnement. Le ministre veut rassurer les propriétaires." Plus de 8% des habitations, 3 millions de logements sont vides en France. 

Le rapport qui crispe les propriétaires

Néanmoins, Christophe Demerson reste méfiant. Selon lui, plus que le plan pour le logement vacant, le problème réside dans les mauvais signaux envoyés aux propriétaires, plus particulièrement le rapport du député LREM Mickaël Nogal, cible des critiques. Sur les 37 propositions, certaines ne passent pas auprès des propriétaires. "La confiscation du dépôt de garanti, par exemple. Quand nous avons vu sortir le rapport, nous avons tout de suite alerté le ministre, malgré tout le député continue puisqu'il a déposé un projet de loi", se désole le président. "Ce qui nous inquiète dans la confiscation du dépôt de garantie, c'est que cela signifie que le locataire va choisir un professionnel pour aller poser son dépôt de garantie, et va l’imposer au propriétaire. Pour nous, ce n’est pas concevable."

Plus qu'un manque de confiance, le président de l'UNPI met en avant une volonté de liberté. "Nous pensons que le propriétaire est libre de choisir de faire ce qu’il veut et de la manière dont il veut pour louer son bien, et pour proposer un appartement de qualité à son locataire". "Il est très difficile d’attaquer un propriétaire pour le forcer à louer son bien : il peut s’en servir de résidence secondaire, le prêter à quelqu’un", ajoute-t-il. "Mais c’est vrai, on est conscient des difficultés à se loger. C’est un drame de ne pas pouvoir se loger dans les zones tendues."

Un allègement des taxes plutôt que des aides

Contrairement aux associations qui demandent plus de mesures coercitives, le président de l'UNPI salue au contraire leur absence tout en saluant une bonne volonté des propriétaires. " Je ne pense pas que ce soit par la coercition qu’on puisse faire avancer les choses, mais en rétablissant la confiance. Edouard Philippe, le Premier ministre, avait donné cette mission à un député pour restaurer la confiance entre propriétaires et locataires. À l'époque, nous nous étions réjouit. Nous sommes dans une démarche constructive."

De nombreux logements sont également insalubres. Certains ne sont jamais rénovés faute de moyens ou d'envie de la part du propriétaire. Pourtant Christophe Demerson ne voit pas l'intérêt de la mise en place d'une aide pour des travaux de rénovation, à destination des propriétaires. "Honnêtement je ne pense pas que ce soit le problème,c’est un écran de fumée", analyse le président de l'UNPI, pointant du doigt les taxes trop importantes qui étouffent les propriétaires.

"Il n'y a pas beaucoup de rendement locatif paradoxalement, même avec des loyers hors de prix, comme à Paris. J’en conviens, les loyers sont très chers. Mais seuls les logements du privé sont soumis à la CSG ADS et ça c’est 17,2% de ponction, plus taxe d’habitation, la taxe foncière qui a pris trois fois l'inflation en dix ans. La rentabilité baisse, les propriétaires se découragent mais ce n’est pas un problème d’aides : avec moins de taxes nous serions plus libres."