L'ETA laisse derrière elle des années de violence et plus de 300 cas de victimes encore non élucidés. 2:07
  • Copié
Henry de Laguérie, correspondant en Espagne, édité par Ugo Pascolo
Annoncée mercredi, la dissolution de l'ETA laisse un goût parfois amer aux victimes de l'organisation terroriste. 
REPORTAGE

C'est une dissolution qui laisse les victimes insatisfaites. L'annonce de la dissolution de dissolution de toutes les structures de l'ETA part une lettre publiée en ligne par le journal eldiario.es, laisse un goût amer, et beaucoup n'arrivent pas à s'en réjouir. 

"Il n'y a rien a pardonner". Parmi eux, Ana Iríbar, dont le mari, élu local de San Sebastian a été assassiné d'une balle dans la tête en 1995. "Il reste encore plus de 300 cas de victimes de l'ETA non élucidés et beaucoup de terroristes n'ont pas été arrêtés", explique cette veuve sur Europe 1. "Voilà pourquoi ce ne sera jamais le moment de tourner la page, mon mari me manque tous les jours, il n'y a rien à pardonner".

De son côté, Ivan Ramos, se rend presque tous les jours dans le bar du parti socialiste de la banlieue de Bilbao dans lequel sa mère est morte en 1987 dans une attaque au cocktail molotov. L'assassin de sa mère, il le connaît. "Dimanche dernier, on s'est croisés au stade de foot", confesse-t-il. "J'ai appris à vivre avec ça, aujourd’hui je veux vivre". Pour cet homme de 44 ans, même si la dissolution de l'ETA arrive trop tard, il se dit soulagé. 

"La disparition de l'ETA ne signifie pas la dissolution de leur responsabilité". "Ce n'est pas la fin de l'ETA que nous voulions. Une ETA vaincue ne devrait pas être la protagoniste de sa propre fin", estime de son côté Consuelo Ordoñez, la sœur de Gregorio Ordoñez, élu municipal assassiné en 1995. "La disparition de l'ETA ne signifie pas la dissolution de leur responsabilité (...) La seule phrase décente que pourraient prononcer les terroristes commence et se termine ainsi 'Nous n'aurions jamais dû exister'", lance-t-elle

La dissolution de l'ETA n'efface pas les blessures. Du côté des familles des prisonniers basques, on attend un geste du gouvernement. "Il y a encore près de 300 prisonniers incarcérés loin de chez eux, en Espagne ou en France. Donc, on ne peut pas parler de paix tant que cette souffrance est là", résume cette jeune femme dont le compagnon est incarcéré depuis neuf ans. Mais pour Madrid, il n'est pour l'instant pas question d'infléchir la politique carcérale : la dissolution de l'ETA n'efface pas les blessures. C'est maintenant un long travail de réconciliation qui attend la société basque, fracturée par plusieurs décennies de violence.