Les professionnels de santé alertent sur le "fléau" des médicaments falsifiés

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avec AFP , modifié à
Dans un manifeste, médecins, pharmaciens et vétérinaires alertent sur le "fléau" des faux médicaments. Ils réclament une "politique de prévention et de répression" plus importante.

Les trois Ordres et les trois Académies de santé (médecins, pharmaciens, vétérinaires) lancent un cri d'alarme contre le "fléau" des médicaments falsifiés, dans un manifeste qui réclame des mesures de répression à l'échelle internationale allant au-delà de simples coups de filet.

"Coups de filets insuffisants". "De simples opérations 'coups de poing' dans les marchés des pays vulnérables ou des 'coups de filet' spectaculaires s'avèrent insuffisants", relèvent les six organisations professionnelles de santé qui militent pour la mise en oeuvre d'une "politique de prévention et de répression" du trafic de médicaments falsifiés à l'échelle internationale.

"Graves menaces" sur la santé publique. Dans le manifeste qui doit être formellement signé mardi, ils soulignent que "la fabrication, le transport, la détention et la vente de médicaments ou de vaccins falsifiés sont des crimes qui doivent, être, comme le terrorisme, poursuivis et sanctionnés en raison des graves menaces qu'ils font peser sur la santé publique dans le monde". L'étendue du trafic est particulièrement forte en Afrique sub-saharienne et en Asie du sud-est, où 20% à 30% des médicaments seraient des faux, selon diverses estimations, avec des taux encore plus élevés dans des zones de conflits comme la République centrafricaine ou la frontière pakistano-afghane. 

En dehors des sites légaux, environ un médicament sur deux est un faux. Mais le "fléau" qui pendant longtemps a épargné les pays développés, touche désormais toutes les régions du monde "du fait notamment de la vente de ces produits via internet", notent-ils. Dans un rapport rendu public en décembre, les six organisations estimaient que près de la moitié des médicaments vendus sur internet en dehors des sites légaux seraient des faux et ajoutaient que le risque majeur pour les consommateurs était de ne pas "pouvoir faire la différence entre les sites légaux et sauvages".

Pourtant, en dépit de la gravité de la situation, les moyens mis en oeuvre restent, selon eux, très insuffisants, tant sur le plan de l'arsenal juridique, des techniques de dépistage que de la coopération entre les différents acteurs. Ils déplorent "des carences à tous les niveaux" (national, international) et regrettent notamment que la France n'ait pas encore ratifié la Convention Medicrime du Conseil de l'Europe, sur la contrefaçon des produits médicaux et les infractions menaçant la santé publique. Signée à ce jour par 36 pays, elle n'a encore été ratifiée que par six d'entre eux (Arménie, Espagne, Hongrie, Moldavie, Ukraine et Guinée).