Les nappes phréatiques sont à sec, Hulot dégaine un plan

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G.S. , modifié à
Des mesures de restriction d’eau ont été prises dans 82 départements français. Le gouvernement annonce des actions. 

Le ministère de l’Ecologie alerte sur une "situation exceptionnelle" et "préoccupante". Pas moins de 82 départements français font l’objet de mesures de restriction d’eau cette semaine, en raison de l’assèchement de leurs nappes phréatiques. Dans 30 départements (la carte est à consulter par ici), l’arrêt des prélèvements d’eau non prioritaires a même été imposé : les habitants ont interdiction formelle de laver leur voiture, d’arroser leurs jardins ou de remplir leurs piscines, par exemple.

Avec la diminution des pluies ces dernières années, les nappes phréatiques se régénèrent moins vite, et les sols se dessèchent. Au-delà des mesures d’urgence, le ministre de l’Ecologie Nicolas Hulot a promis un plan d’ampleur. Il en a détaillé les grands axes mercredi en Conseil des ministres.

Recyclage et stockage de l’eau en hiver. Parmi les principales actions envisagées : l’investissement dans des équipements permettant le traitement et le recyclage des eaux  usées et la construction de réseaux de stockage des eaux en hiver, où la pluie est plus abondante. Des mesures que réclament depuis longtemps les agriculteurs, à l’instar de l’Association des irrigants de France. "C’est une mesure que nous attendons. Il faudra des équipements, étudier les réserves disponibles", détaille son président au micro d’Europe 1.

Autres mesures annoncées mercredi : le lancement d’une campagne de sensibilisation auprès des citoyens et des agriculteurs, la "valorisation de la recherche et du développement" et la création d’une "cellule d’expertise afin de dénouer les éventuelles difficultés rencontrées dans la gestion de la ressource en eau en agriculture", qui devra rendre un rapport d’ici octobre.

" Il faut passer d'une politique de l'abondance à une politique de la rareté "

L'élaboration d'un "deuxième Plan national d'adaptation au changement climatique d'ici fin 2017" est également à l'ordre du jour, après celui de 2011-2016, afin de "mieux adapter les actions aux conséquences locales du changement climatique". "L’eau fait partie de notre patrimoine commun. Son usage appartient à tous et chacun a le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables", a défendu Nicolas Hulot mercredi, dans un communiqué.

La facture s’annonce salée. Aucun chiffre sur le financement de telles mesures n’a été avancé pour le moment. Et tout porte à croire que la facture risque d’être salée. Selon l’Association des irrigants de France, la seule mise en place d’un système de stockage efficace des eaux en hiver risque de coûter plus d’un 1,5 milliard d’euros. Et pour France Nature Environnement (FNE), ces mesures ne changeront rien tant que l’ensemble des pratiques des consommateurs et des agriculteurs n’auront pas évolué.

"Il faut passer d'une politique de l'abondance à une politique de la rareté. Aujourd'hui, on a une politique qui n'est pas du tout incitative à la réduction des usages. Tous les volumes qui sont utilisés vont au-delà des ressources disponibles", alerte sur Europe 1 Carmen Etcheverry, chargée de mission agriculture de FNE. Ne pas laisser couler l'eau lorsqu'on se lave les dents, éviter les douches interminables ou encore bannir l'emploi des canons à neige sur les pistes de ski... Selon elle, tout le monde à un rôle à jouer. Et de conclure : "Il faut prendre conscience que l’eau va devenir un bien précieux".