Les espaces sauvages se sont considérablement réduits en un siècle

Ces espaces constituent des refuges vitaux pour des milliers d'espèces menacées par la déforestation ou la surpêche.
Ces espaces constituent des refuges vitaux pour des milliers d'espèces menacées par la déforestation ou la surpêche. © AFP
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avec AFP
Les espaces sauvages, terres et mers préservées par l'expansion humaine et l'exploitation des ressources naturelles, représentent aujourd'hui 23% de la terre, selon un article publié mercredi dans la revue Nature. Il y a un siècle, c'était encore 85%.

Les territoires vierges d'activité humaine ont fondu en un siècle et les espaces restants sont en grande partie concentrés dans cinq pays, parmi lesquels les États-Unis, le Brésil et la Russie dont les politiques inquiètent les protecteurs de l'environnement.

Une surface équivalente à l'Inde a été perdue. Les espaces sauvages, terres et mers préservées par l'expansion humaine et l'exploitation des ressources naturelles (forêts, énergies fossiles, terres arables...) à une échelle industrielle, représentent aujourd'hui 23% de la terre, selon un article publié mercredi dans la revue Nature. Il y a un siècle, c'était encore 85%. Entre 1993 et 2009, une surface équivalente à l'Inde a été perdue.

Des refuges vitaux pour des milliers d'espèces menacées. Ils constituent des refuges vitaux pour des milliers d'espèces menacées par la déforestation ou la surpêche. De plus les forêts et les océans stockent de grandes quantités de carbone et constituent un auxiliaire essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique. Ils sont aussi essentiels pour les populations indigènes qui y vivent.

Une énorme responsabilité pour un petit nombre de pays. Cette étude montre que plus de 70% de ces territoires préservés (hors Antarctique) se concentrent dans cinq pays : la Russie, le Canada, l'Australie, les États-Unis et le Brésil. La France se classe en sixième position grâce à ses espaces maritimes. "Pour la première fois, nous avons cartographié les zones de nature vierge à la fois terrestres et maritimes et montré qu'il ne reste pas grand-chose", explique James Watson, professeur à l'université du Queensland et auteur principal de l'étude. "Un petit nombre de pays détiennent une part importante de ces territoires et ont une énorme responsabilité pour préserver les dernières régions sauvages."

La population d'animaux sauvages réduite de 60 %.  Les chercheurs se sont appuyés sur des données partagées pour mesurer l'impact humain sur la vie sauvage à travers huit indicateurs, dont les espaces cultivés, les infrastructures ou encore l'urbanisme. Pour les océans, ils ont utilisé des données sur la pêche, le transport maritime et la pollution. Résultat, seuls 13% des mers sont peu ou pas affectés par les activités humaines, principalement dans les pôles. Cette étude suit la publication du rapport "Planète vivante" du WWF. Sous la pression humaine, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60% entre 1970 et 2014, a annoncé mardi le Fonds mondial pour la nature.

"Les pays doivent légiférer". "Comme l'extinction des espèces, l'érosion des espaces sauvages est globalement irréversible", constatent les chercheurs. La Russie, les Etats-Unis et le Brésil, qui vient d'élire le président d'extrême droite Jair Bolsonaro, ne font pas de la protection de l'environnement leur priorité. "Pour préserver les contrées sauvages, il faut juste stopper l'industrie et interdire aux gens d'y pénétrer", affirme James Watson. "Les pays doivent légiférer et ne pas laisser l'industrie y pénétrer. La nature a besoin d'une pause", insiste-t-il.

Les scientifiques plaident pour une législation plus stricte afin de protéger ces terres des visées industrielles et une réforme des financements pour mieux protéger les forêts. "Nous ne pouvons exploiter partout et ces pays ont encore ces bastions de terres sauvages. Je pense que le monde apprécierait qu'ils résistent et disent 'nous allons prendre soin de ces régions'".