Le surcoût sécuritaire menace la survie des festivals d'été

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Mathieu Charrier, édité par A.H. , modifié à
Depuis l'attentat du Bataclan, le budget sécurité des festivals d'été français a explosé. De là à mettre en péril ces grands événements musicaux ?
L'ENQUÊTE DU 8H

La saison des festivals de l'été bat son plein, dans un contexte de menace toujours très lourd. Vendredi soir, Solidays ouvre ses portes à l'hippodrome de Longchamp, et 500 vigiles seront mobilisés pour assurer la sécurité du site. Une sécurité qui coûte de plus en plus cher pour les festivals, jusqu'à menacer leur existence-même.

Une plus grande vigilance. Au Fnac Live Festival, place de l'Hôtel de Ville à Paris, début juillet, l'entrée reste libre et gratuite. Il y a sept ans, au moment de sa création, la sécurité représentait 3% du budget global. Aujourd'hui, c'est 20%. "On est passé d'une scène ouverte au cœur de la ville, avec une place accessible à tous et à tous vents, à la construction d'une arena", explique Benoit Brayer, l'un des organisateurs. "Cela impose d'interdire un certain nombre de choses : les gros sacs, les appareils photos, certains ordinateurs, les casques de motos, les perches à selfie… C'est donc extrêmement complexe".

 

Des fouilles plus nombreuses. Désormais, tous les festivals sont confrontés au même problème. Il y a quelques années encore, une simple inspection des sac à dos à l'entrée suffisait. Aujourd'hui, les festivaliers doivent se soumettre à un passage aux détecteurs de métaux et à une double fouille. La vidéo-surveillance a également été mise en place. Pour les festivals qui se déroulent à proximité de cours d'eau, les gendarmes sont même désormais réquisitionnés pour patrouiller en bateau.

Un fond d'aide d'urgence… vide cette année. Cette sécurité considérablement renforcée a un coût, et les festivals ont bien du mal à trouver l'argent. L'an dernier, un fond d'aide de 15 millions d'euros avait été créé par l'État. Les Vieilles Charrues en avaient profité pour recruter 150 agents de sécurité supplémentaires. "Cette année, avec la nouvelle organisation que l'on met en place, ce sera encore 70.000 euros supplémentaires qui seront dépensés dans la sécurité et l'accueil du public", précise Jerôme Tréhorel, le directeur général de ce festival breton. Or, cette année, les réserves du fond d'urgence sont vides.De l'argent y sera-t-il de nouveau versé ? Pour l'heure, le ministère de la Culture refuse de répondre.

Des festivals en danger. Résultat : beaucoup de festivals augmentent leurs prix, quand ils le peuvent. C'est le cas de Garorock, à Marmande dans le Lot-et-Garonne, où le prix de le prix de l'entrée a grimpé de 10%, passant de de 44 à 49 euros. D'autres sont tout simplement obligés d'annuler. On estime qu'une centaine de festivals disparaissent chaque année en France.