Emmanuel Pierrat 2:59
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Alexis Patri , modifié à
L'avocat, écrivain et essayiste Emmanuel Pierrat présente dans l'émission "Ça fait du bien" son nouveau roman "Fou ballant trompe la mort", un livre qui rend hommage à son père, policier et parachutiste. Il explique au micro d'Anne Roumanoff comment il a aidé son père, très malade, à mettre fin à ses jours.
INTERVIEW

Le droit à choisir le moment de sa mort afin de partir dans la dignité fait débat en France, et le suicide assisté y est interdit. Pourtant, de plus en plus de personnalités et d'anonymes racontent comment ils ont bravé la loi pour aider un proche à partir. C'est le cas de l'avocat et écrivain Emmanuel Pierrat, qui explique lundi au micro d'Anne Roumanoff dans Ça fait du bien comment il a aidé son père à mourir. Un père à qui il rend hommage dans son nouveau livre Fou ballant trompe la mort.

"On ne veut pas finir comme un légume" 

Emmanuel Pierrat n'a pas été surpris par la demande de son père : elle s'inscrit dans les convictions familiales. "Mon père était et ma mère est, comme moi, adhérents de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité", explique l'écrivain. "À un moment, on ne veut pas finir comme un légume, on demande à être débranché, à ce que l'on ne nous laisse pas être ridicule, grotesque et se faire dessus. Ça n'a pas de sens de ne plus savoir qui l'on est."

Son père, le héros de Fou ballant trompe la mort, commence à avoir des problèmes médicaux sérieux. "Tu connais ma vie. C'était super, la vie est extraordinaire. Sauf que maintenant, elle va devenir triste", confie-t-il alors à son fils. "Mes copains commencent à être malades et à mourir. Moi, si je suis malade, je vais être un poids pour ta mère et pour moi-même. Le médecin m'a déjà dit : 'Tu ne picole plus, tu ne fumes plus de cigares, tu ne bouffes plus de graisses, tu ne conduits plus'. Je ne baise plus beaucoup ailleurs. À la fin, il me reste quoi ?"

"Je n'ai rien à lui reprocher"

L'ancien policier et parachutiste fait des derniers examens médicaux. "Et un matin, comme c'était convenu, il m'appelle et dit 'Je sors de chez le toubib. Je t'avais prévenu, tu embrasses très fort ta mère'", se souvient Emmanuel Pierrat, qui laisse son père partir selon ses volontés. "C'est dur, c'est très difficile. Comme je suis l'aîné, je gère de façon très mécanique tout ce qui était prévu." Son père a demandé des obsèques sans honneurs ni cérémonie militaires. "J'écris ça, mais tu es avocat, donc je sais que tu ne vas pas pouvoir t'empêcher de parler au cimetière", lui adresse son père comme une dernière boutade.

"On est tous allés en Namibie à l'endroit qu'il voulait, et on a répandu les cendres de mon père dans le vent, devant les girafes", ajoute Emmanuel Pierrat, admiratif de la décision prise par son père. "Je n'ai rien à redire et rien à lui reprocher. Il a été cohérent, et j'aimerais bien avoir le même courage et la même capacité à décider moi-même."