Surveillante tuée : le protocole de détection de la souffrance psychologique voulu par Borne peine à convaincre les pédopsychiatres
Trois jours après le meurtre de Mélanie G., la ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a indiqué que chaque établissement devra se doter d'ici à la fin de l'année "d'un protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes". Mais ces mesures peinent à convaincre les spécialistes.
Trois jours après la mort d'une surveillante poignardée par un collégien de 14 ans à Nogent, en Haute-Marne, Élisabeth Borne a précisé les contours "d'un protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes". La ministre de l'Éducation nationale souhaite que chaque établissement en soit doté d'ici à la fin de l'année.
"C'est totalement absurde"
"Si un jeune est repéré par l'Éducation nationale et peut présenter des problèmes psychologiques, psychiques, voire psychiatriques, il faut qu'il y ait une forme de coupe-file pour assurer sa prise en charge, notamment dans les centres médicaux psychologiques", a-t-elle précisé.
Une mesure qui ne convainc pas du tout le pédopsychiatre Stéphane Clerget. "On ne voit pas pourquoi les troubles repérés à l'école par le psychologue scolaire auraient une priorité par rapport aux autres enfants qui nécessitent une consultation. C'est totalement absurde", lâche ce spécialiste.
Augmenter les budgets
Autre proposition de la ministre : la formation dans chaque établissement scolaire de deux référents en secourisme en santé mentale parmi les employés. Mais ici aussi, la mesure tombe à côté pour le pédopsychiatre. "L'évaluation psychique des enfants nécessite des compétences importantes, une expérience que ne peuvent pas avoir des enseignants ou je ne sais qui formés à la va-vite."
Selon Stéphane Clerget, le plan d'Élisabeth Borne ne peut fonctionner qu'en augmentant les budgets. Une urgence selon lui, alors que jeudi, à nouveau, trois collégiens instables psychologiquement ont été interpellés pour port d'armes blanches ou menaces de mort au sein de leurs collèges respectifs.