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Europe1.fr , modifié à
Le professeur René Frydman, gynécologue-obstétricien à Suresnes (Hauts-de-Seine), réagit dimanche, sur Europe 1, au rapport promulgué la veille par l'Académie de médecine et les "réserves" de cette dernière quant à l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes lesbiennes ou seules.
INTERVIEW

L'Académie nationale de médecine estime que "la conception délibérée d'un enfant privé de père" n'est "pas sans risques" pour son "développement psychologique" et son "épanouissement", dans un avis officiel, publié samedi, sur l'ouverture de la Procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires (PMA). Invité dimanche d'Europe 1, René Frydman, gynécologue-obstétricien, tient toutefois à nuancer ce rapport.

La question est soulevée par tous les bords, politique ou scientifique. Quelles sont les conséquences psychologiques que peuvent engendrer sur un enfant l'absence de père (ou de mère) au sein de la famille ? René Frydman le reconnait, "c'est la question que tout le monde se pose". Néanmoins, il tient à souligner : "Ce qui est dommage, c’est que l’Académie de médecine n’ait pas fait référence à un rapport qu’elle a elle-même fait il y a trois ans sur ce thème et qui était beaucoup plus favorable et beaucoup plus ouvert. Comme quoi, il doit y avoir d’autres motivations à cela".

"Les médecins ne doivent pas être des juges absolus"

Le professeur insiste sur un point : l'information, la prévention et l'accompagnement sont primordiaux dans ce dossier. Au sujet des possibles conséquences psychologies, il reconnait que de ne pas être dans un schéma père-mère est "une situation de fragilité" pour l'enfant. Et embraye : "Il y a aussi des situations de fragilité avec un père violent ou une mère absente par exemple. Les médecins doivent, à mon avis, prendre également ce problème à bras-le-corps sans être des juges absolus. C’est pour cela qu’ils doivent travailler en pluridisciplinaire".

Dans son rapport, l'Académie de médecine pointe enfin le manque d'études sur la question. Pour l'institution, les scientifiques ne disposent pas d'assez de recul pour pouvoir trancher. René Frydman, lui, assure "être toujours prêt pour faire des études et être dans une démarche d'accompagnement". Avant de conclure : "Pour ce qui est de l'accompagnement du développement de notre société, on ne va pas faire une police morale qui va empêcher des femmes d'avoir une conception naturelle et un enfant seule".