L'industrie du livre est-elle néfaste pour l'environnement ?

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Fanny Agostini édité par Manon Bernard , modifié à
Alors que le jury du célèbre prix Goncourt a rendu son verdict, lundi, Fanny Agostini, spécialiste environnement à Europe 1, s'intéresse à l'avenir du livre. Elle décortique dans sa chronique "Notre Planète" les problèmes de la filière de l'édition et raconte les initiatives mises en place pour pallier cela. 

Le prix Goncourt a été attribué, lundi, à Hervé Le Tellier pour son roman L'Anomalie. Mais qu'en est-il de l'impact de la filière du livre sur l'environnement ? C'est la question que s'est posée la spécialiste environnement d'Europe 1, Fanny Agostini, dans sa chronique Notre Planète, mardi, dans la matinale de Matthieu Belliard.

Un volume colossal de papier

"C'est un sujet peu documenté, alors que depuis une petite décennie, il existe une intensification dans la production de livres autour de l’écologie. Essais, romans, guides pratiques voire bandes dessinées… Cette thématique inspire de plus en plus d’écrivains. Le livre joue également un rôle très important dans la sensibilisation et l’éducation des lecteurs sur les enjeux environnementaux. Mais si ce livre éducatif peut, au fil de nos lectures, nous rendre plus écolo, est-il lui-même un objet écologique ? 

C'est une question qui s'immisce dans la tête des professionnels de l'édition. Il se demandent comment sortir autant de livres par an dans un monde où les ressources viendront à manquer. Rien qu’en France, en 2017, 68.199 livres ont été publiés. Pas moins de 356 millions de livres ont été vendus cette même année. Cela représente donc un volume colossal de papier.

Pourtant, le papier recyclé reste marginalement utilisé par les maisons d’éditions françaises. Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), le papier recyclé représenterait un peu plus de  6% de la consommation totale de papier graphique en France. 

Imaginer des livres éco-responsables

La filière du livre a aussi succombé à une logique néolibérale avec une surproduction : la concentration du monde de l’édition, la délocalisation des impressions, la provenance et le recyclage de la matière première. Cela entraîne un gaspillage incroyable car un quart des livres sont mis au pilon sans avoir été lus, soit quelque 142 millions d’ouvrages en 2015.

L’inter-profession s’est ainsi organisée en association afin de s’emparer du sujet avant que les lecteurs commencent à demander des comptes. L’association pour l’écologie du livre, fondée en 2019, regroupe une vraie "bibliodiversité" avec petites et grandes maisons d’édition, mais aussi des librairies, des bibliothèques, des acteurs dans le monde de la recherches, des auteurs et même des forestiers. Tous se sont réunis en vue d’imaginer des livres éco-responsables tant dans la chaîne de production que dans la diffusion des livres. Ils se projettent ensemble dans l’ère du livre qui ne gâche pas la forêt."