La soirée Miss France peut-elle faire avancer la cause des femmes ?

Image d'illustration - Soirée Miss France 2016.
Image d'illustration - Soirée Miss France 2016. © TF1
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La traditionnelle soirée, qui se tient samedi et quelques semaines après l’affaire Weinstein, sera dédiée aux violences faites aux femmes. Une décision qui fait polémique. 

La 88ème édition de la soirée des Miss France se tiendra samedi soir, dans un contexte pour le moins particulier : il s’agit de la première édition depuis qu'a éclaté l’affaire Weinstein. La directrice générale de la société Miss France, Sylvie Tellier - ex Miss France 2002-  a décidé de dédier cette soirée aux femmes victimes de violences. "L’élection de Miss France, c’est quand même trente jeunes femmes en direct à la télévision pendant trois heures, à une heure de grande écoute. C’est l’occasion de parler de la femme et de dénoncer les violences faites aux femmes qui sont encore beaucoup trop importantes en France aujourd’hui et dont on ne parle pas assez", détaillait-elle mi-novembre dans Le Parisien, sans préciser de quelle manière le sujet sera abordé.

Selon les informations d’Europe 1, pour soutenir la cause des femmes, les candidates prendront la parole dans deux vidéos de quelques minutes chacune. Les Miss France s’inspireront ainsi des Miss Pérou, mais ne devraient pas non plus aller aussi loin. Fin octobre, les candidates péruviennes avaient choisi d’égrener en direct les chiffres des violences faites aux femmes dans leur pays plutôt que d’indiquer leur taille et leur tour de poitrine, ce qu’elles étaient censées faire. "Mon nom est Camila Canicoba, je représente le département de Lima. Mes mensurations sont : 2.202 cas de fémicides durant ces neuf dernières années dans mon pays", avait ainsi lancé une candidate. "Mon nom est Juana Acevedo, mes mensurations sont : plus de 70% des femmes dans notre pays sont victimes de harcèlement de rue", avait renchéri une autre.

Entendu sur europe1 :
Ce traitement des femmes comme objet pose les bases des violences sexuelles

En France, toutefois, la décision de consacrer une soirée Miss à un tel sujet est loin de faire l’unanimité. "C’est paradoxal : on demande à des femmes que l’on traite comme des objets de porter un message politique qu’elles n’ont pas choisi. Et contradictoire car cette soirée, ce traitement des femmes comme objet, cela pose les bases de comportements sexistes et des violences sexuelles", dénonce Raphaëlle Rémy Leleu, porte-parole d'Osez le féminine, interrogée par Europe 1. Sur les réseaux sociaux ou dans les médias, plusieurs personnalités ont fait part du même malaise. "C'est vrai que sans être féministe, je n'aime pas forcément qu'on présente les filles uniquement pour ce que leur physique peut apporter, je préfère le talent, et tant mieux si la fille qui a du talent est magnifique", confiait l’actrice Michèle Laroque, dimanche sur RTL, interrogée sur le sujet.

Contactée en début de semaine par l’AFP, Sylvie Tellier assume : "Les féministes se trompent de combat en visant Miss France. Depuis quelques années, les Miss France prennent la parole et s'engagent dans de belles causes. Elles agissent aussi pour améliorer la condition féminine". "On peut aimer regarder tout en trouvant par ailleurs complètement con de catégoriser les jouets selon le sexe des enfants", abonde une ancienne Miss citée par Libération sous couvert d’anonymat. Et d’enchaîner : "Un peu de légèreté n’a jamais fait de mal à personne. C’est, je pense, franchement valorisant quand on est à la place des nanas. Et puis merde, si on n’a plus le droit de rien faire au nom du kif, tout simplement, et que tout doit avoir un sens, bah putain que c’est triste".

" Allez-leur demander aux candidates, si elles trouvent ça sexistes "

Aussi, les défenseures de la soirée de samedi prochain, qui sera diffusée sur TF1, arguent de la force de frappe des Miss France. Samedi soir, les messages délivrés par les candidates seront ainsi entendus par 8 à 10 millions de téléspectateurs. "C'est toujours ça de pris", concède elle-même Raphaëlle Rémy Leleu, porte-parole d'Osez le féminine.

"On est dans un monde de violence, c'est insupportable. On ne peut pas être opposé à ce genre d'initiatives quand on voit tout ce qu'il se passe. Mais bon, cela tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, j'ai peur que ça n'ait pas beaucoup d'impact", nuance pour sa part Geneviève de Fontenay, interrogée par Europe1.fr. Quant au caractère sexiste des Miss France en générale, l’ancienne organisatrice en appelle à davantage prendre en considération les candidates. "Ce n'est pas à moi de dire si les Miss France sont sexistes. Ça a beaucoup changé depuis que je l'organisais. Mais en même temps, certaines Miss sont toujours très contentes de le faire, de passer à la télé. Les familles sont contentes. Allez-leur demander à elles, si elles trouvent ça sexiste", tranche-t-elle.

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