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Virginie Riva et Eve Roger,édité par Romian David
Entre la difficile mise en place des emplois du temps et la préparation des cours pour les nouvelles spécialités, nombre d'enseignants qui font leur rentrée vendredi ne cachent pas leurs inquiétudes.

Trois jours avant les élèves, les professeurs font leur rentrée vendredi. Ils vont découvrir leur emploi du temps pour ceux qui ne les ont pas encore, et retrouver leurs collègues avant leurs élèves lundi. Mais cette rentrée s’annonce particulière notamment pour les enseignants en classe de première qui essuient les plâtres de la réforme du lycée.

Entre les nouvelles matières au programme et le nouveau baccalauréat, certains enseignants ont dû travailler tout l'été pour préparer leur rentrée. "Un élève a 12 heures d’enseignement de spécialité dans son emploi du temps, douze heures sur lesquelles vous avez trois enseignements de spécialités qui varient", explique à Europe 1 Gérard Heinz, proviseur dans le Rhône et représentant SNPDEN dans l'académie de Lyon. "Chaque élève peut avoir une combinaison de trois enseignements de spécialité qui différent de son camarade. Ça crée une complexité énorme, un véritable casse-tête chinois. Nous avons travaillé quasiment non-stop sur les emplois du temps entre la première quinzaine de juillet et la fin du mois d’août."

Après un début d'été marqué par la grève des correcteurs du bac, cette rentrée s’annonce d’autant plus éprouvante pour des enseignants qui n’ont pas véritablement eu le temps de souffler. "Sur le plan émotionnel, les collègues qui ont été contraints de gérer cette situation terrible et qui ont enchaîné avec la conception des emplois du temps n’ont pas passé un bon été, je peux vous le dire...", relève encore Gérard Heinz.

Le flou autour des nouvelles spécialités

D’autant que l’enseignement des nouvelles spécialités au programme nourrit quelques appréhensions. Professeur de philosophie à Poitiers, Stéphane Marcireau va pouvoir enseigner sa matière dès la classe de première cette année, avec la nouvelle spécialité "Humanités, littérature et philosophie". Il s’agit de faire étudier aux élèves les textes de grands auteurs, tels que Corneille, La Fontaine ou encore Shakespeare. Le prof de français doit se charger des aspects littéraires, et lui des questions philosophiques. Mais Stéphane Marcireau a peur de sécher si les questions des élèves sortent du cadre de son cours de philosophie traditionnel. "S’ils ont des questions très pointues sur tel personnage dans le texte ou sur le contexte de l’œuvre littéraire, là je serais obligé de les renvoyer vers le professeur de littérature", avoue-t-il. "Ça n’est pas toujours très confortable pour un professeur de reconnaître ses limites, même si c’est humain. On ne peut pas tout savoir."

Autre nouveauté : la spécialité "Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques". Certains enseignants ont le sentiment d’avoir été livrés à eux-mêmes pour préparer le cours ces deux derniers mois, et beaucoup ont dû échanger sur les réseaux sociaux. "Je ne sais pas exactement ce que l’on attend de moi. Il y a des repères, mais ça reste relativement flou", confie ainsi un enseignant qui aurait souhaité pouvoir échanger avec un inspecteur d’académie durant l'été. Chacune de ces nouvelles matières donnera lieu à une épreuve en janvier, qui comptera déjà pour le Bac. Et là encore, les profs ne savent pas très bien à quoi elle va ressembler.