LA QUESTION SEXO - Malgré le déconfinement, j'ai peur de rencontrer de nouveaux garçons

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Catherine Blanc
Laure s'interroge car, malgré le déconfinement, elle ne souhaite pas rencontrer de nouveaux garçons et préfère revoir des anciens petits amis en qui elle a confiance. La psychanalyste et sexologue Catherine Blanc lui répond sur Europe 1, lundi.

Lundi débute le confinement inédit de la population française, et Laure, 31 ans, a peur. Peur de rencontrer de "nouveaux garçons" alors que l'épidémie de coronavirus est loin d'être terminée, peur d'être face à des étrangers en qui elle n'a pas confiance. La trentenaire préfère revoir des anciens petits amis qu'elle connaît bien. Pour être rassurée et revivre une belle histoire ? C'est la question qu'elle pose lundi à Catherine Blanc, psychanalyste et sexologue à Paris, dans l'émission Sans Rendez-vous sur Europe 1.  

La question de Laure

"Malgré la fin du confinement, j'hésite sincèrement à rencontrer de nouveaux garçons, je pense plutôt revoir des ex que je connais bien et en qui j'ai confiance. Peut-être que la flamme pourra se rallumer. Qu'en pensez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"En fait, le confinement et la phobie du virus réveillent et révèlent des choses qui sont enfouies en nous et pour certains, plus fortement, cette peur de la contamination que représente l'autre. C'est quelque chose qui participe de la construction psychique de tout individu. 

C'est ce qui fait que quand nous sommes petit enfant, nous trions le vert, le rouge, du blanc, etc. À cette époque, tout fait un peu peur, tout est sujet à petite bête qui pourrait entrer en moi, ou microbe ou caca. Ça fait partie de notre construction de petit enfant. Ça va se reporter sur des sujets de notre construction qui sont d'abord les sujets alimentaires, puis les sujets autour de l'analité, puis les sujets sexuels. 

Il y a aussi de l'autre qui me transforme. Le propre de la sexualité se faisant fécondante est une transformation de l'un en direction de l'autre et réciproquement, quand bien même l'autre n'est pas enceinte, il y a aussi l'idée d'être transformé dans sa vie. Avec le désir inconscient, plutôt positif, mais avec la structure inconsciente, qui elle souffre.

À l'occasion de ce confinement, cela fait ressurgir cette idée que l'étranger est dangereux. Laure, puisqu'elle est en recherche amoureuse, avec une idée d'urgence de chercher quelqu'un pour lui convenir, va plutôt avoir tendance à vouloir aller là où c'est du domaine du connu et du maîtrisable plutôt que du non-maîtrisable.

Mais est-ce une bonne d'idée de revoir un ex ?

C'est ni une bonne ni une mauvaise idée. Nous passons à côté de gens formidables et nous passons notre chemin avant même d'avoir élaboré tout ce que l'on pourrait créer avec eux. À ce titre, je ne trouve pas idiot de revenir vers ses premières amours ou premières curiosités pour voir ce qu'on peut faire naître et émerger de tout ça.

Dans le confinement, beaucoup de gens sont allés chercher dans leur passé des vieilles amitiés, des vieux souvenirs, pour les raviver, comme si tout d'un coup la peur de l'avenir se faisait et du coup on regardait un peu dans le rétroviseur.

Il faut faire attention entre ne pas passer à côté de sa vie et toujours chercher du neuf pour essayer de grandir comme si c'était toujours dans le futur que nous serions, mais pas non plus ne faire que regarder dans le rétroviseur par peur de l'avenir et de notre construction.

Laure a-t-elle peur de tomber malade avec des gens qu'elle ne connaît pas ?

Bien sûr que ça a un rapport avec le virus, mais c'est bien au-delà du virus. Tous les éléments de notre vie révèlent nos anxiétés plus fortes chez les uns que chez les autres. Il y a l'idée d'avoir confiance, mais il y aussi notre sensation et notre bonne volonté, cela va bien au-delà d'une seule confiance. On ne se trahirait pas pour autant. C'est toujours l'idée de la maîtrise par rapport à la non-maîtrise.

Dans les moments de difficulté, il est heureux de voir qu'autour de nous, nous avions déjà des réponses et des solidités, des gens sur qui compter. Nous connaissons leurs travers, mais aussi leurs forces, leur bienveillance et leur complémentarité avec nous. Avec un étranger, tout est à construire et à découvrir, ce qui peut potentiellement désenchanter."