La prison de Colmar sous tension face au coronavirus : "La probabilité que les cellules soient confinées est réelle"

La maison d’arrêt de Colmar compte 175 détenus contre une capacité d'accueil de 119. (Image d’illustration)
La maison d’arrêt de Colmar compte 175 détenus contre une capacité d'accueil de 119. (Image d’illustration) © SEBASTIEN BOZON / AFP
  • Copié
Marion Gauthier, édité par Romain David
Dans la maison d'arrêt de Colmar, où une vingtaine de prisonniers sont déjà placés en quarantaine, le manque de moyens oblige le personnel à appliquer des mesures drastiques de confinement à la moindre suspicion de contamination. Dans cet établissement en surcharge carcéral, les conditions de détention risquent ainsi de se dégrader dangereusement.

La prison est un milieu confiné qui craint tout particulièrement la propagation du coronavirus à l’intérieur de ses murs. Le problème se pose plus particulièrement à la maison d’arrêt de Colmar, surpeuplée avec 175 détenus au lieu de 119 et déjà 26 d’entre eux isolés à cause de l'épidémie. Les syndicats dénoncent un manque de moyens et de matériels pour appliquer les mesures barrières.

Un risque de propagation très rapide

Il est désormais impossible de pénétrer dans l’enceinte de la maison d’arrêt de Colmar, hors personnel autorisé. C’est donc à l’extérieur que deux délégués syndicaux ont pris la parole mercredi pour dénoncer les conditions sanitaires. Ils décrivent des dortoirs de quatre, huit ou neuf détenus, certains installés par terre. Il suffit qu’un seul ait de la fièvre, des courbatures ou mal à la gorge pour que tous les membres de la cellule se retrouvent confinés.

"Il y a un effet boule de neige. La probabilité que toutes les cellules soient confinées d’ici dix jours est réelle", explique à Europe 1 Romuald Sebilllotte, de Force ouvrière. Pour cet élu, le personnel n’est pas équipé pour faire face à cette situation. "Quand la propagation a commencé, on nous a fourni des masques de protection qui datent de 2007, qu’on a été récupérer en catastrophe à Ensisheim. On est dans la réaction, pas dans l’action !", constate-t-il.

Dégradation des conditions de détention

Résultat : une vingtaine de prisonniers restent enfermés 23 heures sur 24. Ils n’ont plus qu’une heure de promenade au lieu de trois, les repas sont glissés dans leur cellule, ils n’ont plus droit au parloir, se désole Anne-Frédérique Gérard, du syndicat UFAP. On marche au ralenti ! il y a des tensions au niveau des détenus parce qu’ils n’acceptent pas ce confinement. Ils ont besoin d’avoir des visites, des contacts, parce que ce sont des êtres humains, et malheureusement, là il n’y en a plus", déplore-t-elle.

Pour les syndicats, il faudrait que les détenus soient testés au coronavirus, pour épargner ceux qui n’ont qu’une grippe. Mais aussi que les entrées dans la prison soient contrôlées. La prise de température ne permet toutefois pas de détecter un porteur sain et l’interdiction des parloirs à l’ensemble des prisonniers est tout simplement inenvisageable face au risque de mutinerie.