La cour d'appel de Paris étudie jeudi la demande de retrait des deux mises en examen de Tariq Ramadan pour viols

Tariq Ramadan espère obtenir le retrait de ses deux mises en examen pour viols.
Tariq Ramadan espère obtenir le retrait de ses deux mises en examen pour viols. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Après plus d'un an de procédure, la cour d'appel de Paris doit se prononcer jeudi sur la demande de Tariq Ramadan de voir ses deux mises en examen pour viol levées. Les magistrats doivent déterminer si les preuves à l'encontre de l'intellectuel musulman sont suffisamment solides.

Après un an de rebondissements, l'enquête pour viols contre Tariq Ramadan contient-elle toujours assez de preuves à son encontre ? La cour d'appel de Paris se prononce jeudi sur la demande de l'intellectuel musulman de voir levées ses deux mises en examen sans attendre la fin des investigations.

Deux plaintes pour viol à son encontre. Une décision favorable serait un retournement de situation exceptionnel pour le célèbre islamologue suisse, mis en examen depuis le 2 février 2018 pour deux viols, dont un sur personne vulnérable : le 9 octobre 2009 à Lyon sur une femme surnommée Christelle dans les médias et, au printemps 2012 à Paris, sur une ancienne salafiste devenue militante laïque, Henda Ayari.

Finalement des relations de domination "consenties". Jusqu'à une volte-face retentissante en octobre, après neuf mois de détention provisoire, Tariq Ramadan, 56 ans, avait persisté à nier tout rapport sexuel avec ces deux plaignantes. Contraint par l'enquête à changer de version, il plaide désormais des relations de domination "consenties".

Un premier recours rejeté. Les mis en examen sont toutefois peu nombreux à utiliser cette forme de recours, rarement couronnée de succès tant que les investigations se poursuivent. Tariq Ramadan avait demandé dès l'été dernier aux juges d'instruction de le placer sous le statut intermédiaire de témoin assisté, première étape vers le non-lieu qu'il réclame.

Recours "prématuré", lui avaient répondu les trois magistrats. À l'époque, l'intellectuel niait encore tout rapport physique avec les plaignantes. Il avait seulement fini par admettre des relations extra-conjugales avec d'anciennes maîtresses et une troisième plaignante, pour laquelle il n'est pas mis en examen.

Un appel de cette première décision à l'étude. Mi-janvier, la chambre de l'instruction a donc examiné à huis-clos l'appel formé par Tariq Ramadan contre cette décision. Mais entre-temps, la donne a changé. Tariq Ramadan a reconnu en octobre une relation sexuelle avec chacune des deux plaignantes. "Même dans les moments de fougue et de domination, un non c'était un non", s'était-il toutefois défendu en présentant sa nouvelle version. La position de l'islamologue était devenu intenable depuis la révélation en septembre de centaines de SMS sans ambiguïté exhumés d'un vieux téléphone de Christelle. Les magistrats qui doivent se prononcer jeudi sont ceux qui avaient, à la surprise générale, remis en liberté Tariq Ramadan mi-novembre, après cette volte-face.

Les juges doivent déterminer le poids des preuves à l'encontre de Tariq Ramadan. Le bras de fer entre les parties tourne désormais autour de l'abondante correspondance sexuelle de Tariq Ramadan avec les deux femmes, qui a fragilisé leur témoignage tout en documentant, selon les parties civiles, "l'emprise" du prédicateur.