"Je le renie" : les mots cinglants de la grand-mère de Nemmouche devant les enquêteurs

Près de cinq ans après les faits, Mehdi Nemmouche est jugé devant les assises de la capitale belge pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles.
Près de cinq ans après les faits, Mehdi Nemmouche est jugé devant les assises de la capitale belge pour la tuerie du Musée juif de Bruxelles. © AFP
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avec AFP , modifié à
La grand-mère de Mehdi Nemmouche a eu devant les enquêteurs des mots cinglants à l'égard de son petit-fils, accusé des quatre assassinats du musée juif de Bruxelles en 2014, selon des procès-verbaux lus vendredi au procès.

"Il a sali notre nom de famille, je le renie" : la grand-mère de Mehdi Nemmouche a eu devant les enquêteurs des mots cinglants à l'égard de son petit-fils, accusé des quatre assassinats du musée juif de Bruxelles en 2014, selon des procès-verbaux lus vendredi au procès.

Absente au procès. Cette septuagénaire d'origine algérienne, qui a en partie élevé l'accusé, était absente au procès, où elle aurait dû témoigner à la barre. Elle a produit un certificat médical la déclarant inapte pour ce déplacement. Dès l'audience préliminaire du 20 décembre Mehdi Nemmouche s'était vivement opposé à sa venue. Ses avocats avaient demandé le respect de son "intimité", refusant "un procès de l'émotion".

"Honte" et "déshonneur". En conséquence, la présidente de la cour d'assises a lu les procès-verbaux des deux auditions de Tassadit Reski en juin 2014 et en mars 2016, au cours de l'instruction. Lors du premier interrogatoire, peu après l'arrestation de Nemmouche le 30 mai 2014 à Marseille en possession des armes utilisées lors de la tuerie, la grand-mère assure qu'elle a "pleuré pour les victimes" en apprenant les faits. "C'est un déshonneur, c'est une honte pour moi, je le renie", ajoute-t-elle à propos de son petit-fils. À ce moment là, l'accusé dans le box baisse la tête. Les jurés écoutent attentivement la lecture.

Récit d'une enfance difficile. Tassadit Reski, qui vit à Tourcoing, dans le nord de la France, décrit aux enquêteurs l'enfance difficile de Mehdi, né sans père déclaré et placé à trois mois dans une famille d'accueil car sa mère s'est "complètement désintéressée" de lui. À 16 ans il revient vivre chez sa grand-mère et les "bêtises" commencent à s'enchaîner. La police débarque à la maison après son implication à 18 ans dans un "car-jacking". Son oncle maternel est excédé. "Pour nous, il a sali notre nom de famille", poursuit la grand-mère devant les enquêteurs en 2016.

"Je ne peux pas pardonner". Le djihadiste français est alors incarcéré à la prison de Bruges en Belgique et exprime le souhait de ne plus être visité par ses tantes et sa grand-mère, "soi-disant pour ne pas nous faire plus de mal". Mais "j'ai toujours pitié de lui et je lui envoie de l'argent", fait valoir Tassadit Reski. Et d'ajouter : "Sa tête est polluée, je ne peux pardonner à ceux qui ont pollué la tête de Mehdi et je ne lui pardonne pas non plus ce qu'il a fait".

Mehdi Nemmouche, 33 ans, délinquant multirécidiviste radicalisé en prison et passé par la Syrie, est accusé d'avoir tué, le 24 mai 2014 au musée juif, un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Il est jugé avec Nacer Bendrer, un délinquant marseillais accusé de lui avoir fourni les armes et qui encourt comme lui la réclusion à perpétuité.