Au sein de la police nationale de l'Hérault, les "primes Covid" ont été redistribuées en-dehors des règles fixées par le décret. Photo d'illustration. 1:20
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Guillaume Biet , modifié à
Des fonctionnaires de police de Montpellier ayant perçu une prime exceptionnelle pour leur mobilisation lors du premier confinement ont dû en reverser la majeure partie en espèces à leur hiérarchie, qui a redistribué ces sommes à d’autres policiers. Une enquête administrative a été ouverte pour faire la lumière sur ce brassage d'argent liquide.
INFO EUROPE 1

C’est une affaire qui provoque des remous au sein de la police nationale dans l’Hérault. Elle concerne l’attribution de primes exceptionnelles pour les fonctionnaires en première ligne lors de la première vague du Covid-19, au printemps dernier. Dans un décret du 14 mai 2020, le gouvernement fixait ainsi les montants de ces primes : 330 euros, 660 euros ou 1.000 euros. Mais à Montpellier, le directeur départemental de la sécurité publique a décidé de répartir ces primes et leur montant à sa manière, en dehors des règles fixées par le décret.

Selon les informations recueillies par Europe 1, l’enveloppe globale accordée aux policiers de l’Hérault était de 133.000 euros et devait ainsi récompenser 188 fonctionnaires de police, sur les 1.300 que compte le département. Or, la direction départementale de la sécurité publique a mis en place une autre répartition, comme en témoigne le courrier que nous nous sommes procurés.

Les "porteurs de primes" invités à partager

Afin de "partager la prime Covid entre tous les agents qui ont été présents lors du premier pic de Covid", y lit-on, le patron des policiers héraultais a demandé, via cette lettre rédigée par son adjoint, aux fonctionnaires récompensés, appelé "porteurs de primes", de renoncer à une partie de celle-ci. "Vous êtes invités à conserver la part qui vous revient et à remettre le solde à votre chef de service", stipule ce courrier.

Lettre DDSP 34 fili

Sans justification précise, la direction de la sécurité publique de l’Hérault a estimé que les policiers ayant travaillé de jour devraient toucher 115 euros et ceux de nuit 225 euros, la prime minimale prévue par le décret gouvernemental étant pourtant fixée à 330 euros. Ainsi, dans un "effort de partage et d'équité", conclut la lettre, les policiers récompensés ont dû retirer en espèces une grande partie de leur prime afin que ces billets soient redistribués à certains de leurs collègues non "primés" à l’origine.

Une "non-affaire" pour le contrôleur général

Ce "partage", soucieux de récompenser un maximum de fonctionnaires, a tout de même fait grincer des dents. Inespérée pour les uns, cette redistribution d’argent liquide aurait permis d’accorder une prime à plusieurs centaines de policiers au lieu des 188 initialement prévus. Mais elle a aussi lésé certains agents, contraints de renoncer aux 1.000 euros versés pour ne conserver que 225 euros. Plusieurs fonctionnaires auraient par ailleurs refusé cet argent liquide qui leur était proposé, s’interrogeant sur la légalité du système.

Ce micmac de redistribution d’espèces a fini par remonter aux oreilles de la direction centrale de la sécurité publique qui a ouvert une enquête administrative, selon les informations recueillies par Europe 1. Le contrôleur général Yannick Blouin, directeur départemental des policiers de l’Hérault, que nous avons joint, n’a pas souhaité s’expliquer en détail : "Ce que j’ai fait, je l’assume", dit-il à Europe 1, estimant avoir choisi la "voie la moins injuste possible" et qualifiant cette histoire de "non-affaire"... sur laquelle il va tout de même devoir s’expliquer devant sa hiérarchie.