Incendies criminels : qui sont les pyromanes de l'été ?

En Haute-Corse, début août, des milliers d'hectares sont partis en fumée.
En Haute-Corse, début août, des milliers d'hectares sont partis en fumée. © PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
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Jean-Sébastien Soldaïni édité par C.O. , modifié à
Les incendies criminels sont la cause principale des incendies de cet été. A eux seuls, ils cumulent un quart des surfaces brûlées, soit 2.850 hectares de végétation.
L'ENQUÊTE DU 8H

Des milliers d'hectares sont partis en fumée en France cet été notamment en Corse et dans les Bouches du Rhône. En superficie, selon les constatations de gendarmerie et de police, les incendies criminels sont la cause principale des incendies de cet été. A eux seuls, ils cumulent un quart des surfaces brûlées, soit 2.850 hectares de végétation. Et ce chiffre pourrait encore grimper car des enquêtes sont en cours pour certains incendies, notamment pour les feux partis d'un mégot de cigarette et pour lesquels il est difficile de dire s'il a été jeté là volontairement ou pas.

70 interpellations. Pour autant, tous les incendiaires ne sont pas arrêtés et jugés. Selon les gendarmes et policiers du Sud-Est, 70 personnes ont été interpellées sur 180 départs de feux d'origine criminelle cet été. Une seule personne a été condamnée à trois ans de prison ferme. La justice va rarement au-delà d'une telle peine s'il n'y a pas de morts ou de blessés.

Des feux allumés au briquet ou au mégot. Le nombre d'interpellations reste honorable. Car il est de plus en plus difficile pour les enquêteurs de remonter jusqu'à un incendiaire. "Il y a quatre ans ou cinq ans, on retrouvait des dispositifs assez variés, cela pouvait être un bâton ou un tournevis planté dans le sol entouré d'un chiffon imbibé d'un liquide inflammable ou des cigarettes trafiquées avec une allumette plantée dedans pour créer un effet retardant", explique l'adjudant Christophe Schmitt, technicien en identification criminelle pour la gendarmerie des Bouches-du-Rhône. "Ces dernières années, on s'est rendu compte que l'on retrouvait très peu de dispositifs incendiaires. Pour les feux de forêt, c'est essentiellement des allumages soit au briquet, soit au mégot". Ainsi, toutes les preuves brûlent et les traces ADN avec. Et c'est bien souvent le flagrant délit qui permet l'interpellation.

Pyromanes vs incendiaires. Les incendies criminels ne sont pas tous le fait de pyromanes, au sens psychiatrique du terme. Les gendarmes en comptent 34 sur les 180 départs de feux d'origine criminelle. Les autres sont le fait d'incendiaires, qui cherchent par exemple à se venger après un conflit avec un voisin. Le pyromane, lui, a un profil plus complexe. "Il y a toujours un rapport à la jouissance d'avoir provoqué quelque chose de grandiose. Et le ballet des Canadairs, c'est quelque chose surtout quand on a provoqué l'incendie soi même", précise Pierre Lamothe, expert-psychiatre près la cour de Cassation. "L'élément déclencheur peut être la jubilation ou une frustration, une blessure de ne pas être reconnu".

C'est notamment le cas d'un jeune homme de 24 ans interpellé début août près de Gap. Il est suspecté d'avoir allumé onze feux. Il était le fils du responsable local de la brigade de pompiers. Il voulait lui aussi faire le même métier mais avait été recalé au concours. Et comme beaucoup de pyromanes, il est multirécidiviste.