1:34
  • Copié
Caroline Baudry // Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
"Le pic des émeutes est passé" a estimé mardi Emmanuel Macron. Alors que le retour au calme est progressif, dans les tribunaux, les audiences s'enchaînent. Plus de 3.000 personnes ont été arrêtées ces derniers jours. À Bobigny, les procès de très jeunes émeutiers se suivent. Europe 1 a suivi le procès de l'un d'entre eux.

Presque 4.000 interpellations en une semaine. Les émeutes qui ont touché de nombreux quartiers dans l'Hexagone ont donné lieu à une vague d'arrestation. Alors, en même temps que la situation s'améliore dans les rues des cités, la justice se retrouve sous pression pour juger au plus vite les individus poursuivis pour des vols, des dégradations ou des violences. 

Des preuves par dizaines

Au tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, c'est un vrai défilé. Parmi les prévenus qui passent les uns après les autres : un jeune homme d'Aubervilliers. À peine âgé de 18 ans, sans casier judiciaire et passant en classe de Terminale, il vient d'être condamné à 105 heures de travaux d'intérêt général. En cause : sa présence dans une foule de casseurs. 

Jeudi dernier, il quitte l'appartement où il vit avec ses sept frères et sœurs et est interpellé à 3 heures du matin sur le lieu des affrontements. La police fouille son téléphone et trouve des photos du lycéen, le bas du visage caché par un tissu, des vidéos où il semble encourager les émeutiers et cherche à se procurer un caillou. 

"Une situation exceptionnelle"

"Je pense qu'il s'agit d'une situation exceptionnelle, qu'il s'agit aussi de jeunes qui ont voulu prendre le pouls de ce qui se passait et c'était juste en bas de chez eux", soutient Nadia Khater, l'avocat du jeune homme. "Les jeunes se filment beaucoup finalement. Et je pense que, se retrouver au cœur de l'action, c'est quelque chose à laquelle ils n'ont pas réfléchi et surtout, ils n'ont pas réfléchi au fait que ça pouvait leur être reprocher. Et c'est ce qui s'est passé ici", ajoute l'avocate au micro d'Europe 1. 

Pendant l'audience, le président du tribunal demande au Lycéen : "Quelle image renvoyer-vous?" "Celle d'un bandit, un voyou" répond-il sobrement, visiblement bouleversé par la situation. "Je ne me reconnais pas", lâche celui qui s'est mis à pleurer lors de son arrestation. Pas convaincu, le président s'agace. Cela fait dix jours que ceci est le comportement de centaines de jeunes.