2:27
  • Copié
, modifié à
Alors que les premières décisions de justice concernant les personnes interpellées au sein des émeutes commencent à être rendues, des avocats et des familles jugent les peines attribuées trop lourdes et dénoncent l'intention de "donner l'exemple". Mais cette exemplarité est "nécessaire" pour Halimata Fofana, réalisatrice et écrivaine, invitée d'Europe 1 ce mercredi.

Doit-on lourdement sanctionner les participants aux émeutes, interpellés par les forces de l'ordre ? C'est la question qui fait rage, une semaine après la mort de Nahel, jeune homme abattu par un policier après un refus d'obtempérer. En une semaine, 3.651 personnes ont été interpellées, dont 1.120 mineurs et les comparutions immédiates s'enchaînent, avec parfois des peines très lourdes pour de petits délits. Mais pour Halimata Fofana, écrivaine et ancienne éducatrice au tribunal d'Évry, il faut se montrer ferme.

"L'exemplarité est nécessaire. Vous ne pouvez pas quand même laisser des jeunes gens brûler des écoles et dire 'oui mais c'est parce que sa mère est seule pour élever ses enfants'. Cela n'excuse pas tout", défend-elle au micro d'Europe 1 ce mercredi matin. "Je crois tout de même que la sanction permet aux autres de comprendre que si tu fais quelque chose, il y a une limite."

Un système trop souple pour les mineurs ?

L'auteure de "À l'ombre de la cité Rimbaud" aux éditions du Rocher dénonce surtout un système judiciaire qui limite les sanctions pour les préadolescents, puisque la loi estime que la responsabilité pénale d'un mineur ne peut être engagée qu'à partir de 13 ans. "quand je travaillais au tribunal, les mineurs que j'accompagnais me disaient qu'ils n'étaient pas inquiets puisque selon eux, ils ne risquaient rien. C'est bien sûr faux pour la plupart d'entre eux et ils en sortaient très surpris. Ils se prenaient un mur en pleine face", raconte-t-elle.

Pour l'invitée de Sonia Mabrouk, il est important de rappeler les principes : un vol est un vol, peu importe le montant subtilisé ; la pauvreté n'excuse pas non plus les pillages. "C'est une question de principe, de cadre et c'est ce dont ces jeunes gens manquent", conclue-t-elle, appelant à plus d'empathie de la part des casseurs et dénonçant une "autodestruction".