Grève de la faim à l’hôpital psy de Rouen : "à tout moment il peut se passer un drame"

Des infirmiers ont entamé une grève de la faim il y a 15 jours.
Des infirmiers ont entamé une grève de la faim il y a 15 jours. © Caroline PHILIPPE/EUROPE 1
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Caroline Philippe, édité par Mathilde Belin , modifié à
Thomas, comme six autres infirmiers de l'hôpital psychiatrique de Rouen, a entamé une grève de la faim depuis 15 jours pour demander plus de moyens.
TÉMOIGNAGE

Sept infirmiers et aide-soignants de l’hôpital psychiatrique de Rouen ont entamé une grève de la faim il y a 15 jours pour réclamer plus de moyens, alors qu’ils dénoncent une "surpopulation chronique" dans l’établissement. Trois d’entre eux étaient hospitalisés dans un état critique mardi.

"Je suis sur la limite". Thomas n’a rien mangé depuis deux semaines et a perdu 12 kilos. Il se déshydrate très vite et doit boire de l’eau toute la journée : "Je sais bien que je suis sur la limite. On a un collègue qui est incapable de se lever et qu’il faut transporter par le Samu, et un autre collègue qui allait plutôt bien et qui a complètement chuté en deux heures, sa tension est tombée très bas, il était incapable de se lever et il a fallu faire venir une 2e fois le Samu", raconte cet infirmier au micro d’Europe 1, très affaibli, installé sous une tente dans la cour de l’hôpital. "Les médecins nous disent qu’à tout moment il peut se passer un drame mais tout le monde s’en fout", se désole-t-il.

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Les grévistes de la faim sont installés sous une tente dans la cour de l'hôpital. ©Caroline PHILIPPE/EUROPE 1

"Le personnel est pris de vitesse". Thomas comme ses autres collègues de l’hôpital du Rouvray réclament depuis plus de deux mois maintenant 52 postes supplémentaires, alors que les patients sont parfois amenés à s’entraider faute de soignants dans le service. "On voit bien que le personnel est pris de vitesse. En situation d’urgence, ça peut arriver d’intervenir auprès d’un autre résident... On fait le travail d’un soignant car ils sont occupés sur plusieurs fronts en même temps et ce n’est pas normal", témoigne Jérôme, un patient bipolaire suivi depuis 20 ans dans cet établissement.

L’Agence régionale de santé a lancé mardi matin un audit pour connaître les besoins en personnels à l’hôpital du Rouvray, et trois émissaires ont été dépêchés sur place pour résoudre le conflit social, a annoncé la ministre de la Santé mardi. La direction a, de son côté, annoncé cinq embauches, très loin des 52 demandées par le personnel soignant.