Volotea 1:40
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Yohann Tritz , modifié à
De nombreux Français sont partis en vacances durant le week-end de Pâques. Mais certains ont eu une mauvaise surprise lors de leur retour. Une bonne partie des passagers de la compagnie aérienne low cost Volotea ont vécu un véritable cauchemar. En cause : une grève des employés mal gérée par la société espagnole.

La société Volotea, fête ses 10 ans d’existence cette année. Plutôt méconnue, c’est une entreprise créée par les fondateurs de Vueling. Elle dessert plusieurs villes en France, souvent à destination de l’Espagne. En ce moment, les employés de cette compagnie aérienne low-cost sont en grève pour dénoncer leur condition de travail. La firme espagnole n’a pas anticipé, laissant de nombreux voyageurs sans solution ou dans des situations rocambolesques.

Pas de communication 

En France, plusieurs vols ont été retardés ou annulés parfois sans information. Lundi matin, Jennifer devait quitter Brest pour rejoindre Nice. Elle reçoit un texto dans la nuit pour signaler l’annulation du vol. Mais pas de solution proposée : "On se rend vite à l’aéroport pour savoir ce qu’on allait nous proposer. Aucune communication et c’est impossible de les joindre. On essaye de dialoguer avec du personnel navigant pour nous aider, mais ils n’ont pas tous l’information. Finalement on nous propose de prendre un billet Air France à nos frais. Mais c’était 1800 euros pour deux. Impossible, surtout que l’on n’est pas sûr d’être remboursé. Personne ne peut nous aider."

Après de longues heures d’attente, une solution est trouvée avec la compagnie aérienne Transavia pour rentrer… à Nantes. Puis un bus les attend pour rejoindre Brest : arrivée à 1 heure du matin, soit 15 heures après l’heure d’arrivée initiale. 

Un avion vers Strasbourg qui arrive… à Nantes 

Même chose pour un Nantes – Madrid, annulé au matin. Plus tard, c’est un Nice – Luxembourg qui a mis plus de 24 heures à arriver à destination après un passage à… Lyon. Pour Séverin, qui revenait des Canaries, c’est encore autre chose : son avion retour qui devait arriver à Strasbourg a finalement atterri… à Nantes, près de 800 kilomètres à l’Ouest.

"On attend, on attend et le pire, c'est que l’on a eu aucune information. On l’a appris en discutant avec du personnel à l’aéroport. Même sur le panneau d’embarquement, il y avait encore marqué Strasbourg. Après plusieurs heures d’attente, je suis monté dans l’avion un peu de force, parce qu’on me disait qu’il n’y avait aucune solution. Au dernier moment, je suis descendu et j’ai pris un billet à mon compte le lendemain. Mais j’étais le seul. Le reste est resté à bord."

Mais certain n’ont pas pu en faire de même. Et le chemin a été long, raconte Séverin : "On m’a dit que certains avaient trouvé un taxi à Nantes pour aller à la gare. Puis ensuite un train pour Paris. Ils ont dormi à l’aéroport puis sont repartis le lendemain en train vers Strasbourg".  Séverin qui a dû laisser aussi quelques affaires en route : "J’habite Luxembourg. Et comme je suis rentré direct, ma voiture est encore à Strasbourg. Je dois aller la chercher."

Un problème dans les remboursements 

Le plus cocasse dans tout ça, c'est qu’il ne sera même pas remboursé de son billet. La politique de Volotea est de rembourser le billet après 3 heures de retard. Mais l’avion, qui s’est arrêté à Nantes et non à Strasbourg s’il faut rappeler, a pu rattraper son retard en arrivant dans une destination plus proche. "Du coup comme il n’y a pas eu annulation et que le retard est de moins de 3 heures, je ne peux même pas demander des indemnités. Et quand on les contacte on arrive sur des pages d’erreur", conclut Séverin. 

Des employés en situation précaire 

Cette situation est due à une grève du personnel à laquelle Maxime, membre d’équipage, prend part… Avec ses collègues, ils dénoncent les salaires dérisoires… Face à des prix de vente très bas… Certains vols sont même proposés à 9 euros. "Il y a des gens qui se disent comment ils font pour payer leurs employés à ce prix-là. Moi, je sais. Par exemple, je suis au Smic et je n’ai jamais été augmenté depuis. À titre de comparaison, chez Vueling, c’est 2000 euros minimum. Pire, ils ont réfléchi à baisser mon salaire ces derniers temps". 

Avec le Covid-19 et la crise de l’Ukraine, les dirigeants ont demandé une baisse de salaire à certains employés comme les pilotes… Qui ont fini par monter au créneau à cause d’un ras-le-bol général : "Ils ont demandé de nouveau une baisse de 25% du salaire alors qu’ils font 30% de vol par an en plus. C’est aberrant. Les dirigeants disent que la société est dans le rouge, mais ils se portent bien", rapporte Maxime. 

Le membre de l’équipage qui a constaté de manquements graves au règlement ces derniers temps : "Ils font un peu ce qu’ils veulent quand ils veulent. Normalement on ne doit pas travailler plus de 12 heures. Ils nous demandent de faire plus, mais ce n’est pas légal. Puis pendant cette grève, ils ont recruté du personnel en CDD pour pouvoir combler nos absences. C’est aussi interdit. C’est l’inspection du travail qui m’a fait remonter ces informations", raconte celui qui est au CSE de Volotea à Bordeaux. 

La compagnie aérienne qui pensait pouvoir subir cette grève sans problème, s’est retrouvée sans solution assez rapidement. D’où les nombreux problèmes de vol. Mais cela ne devrait pas s’arrêter. Car la direction n’a pour l’instant pas répondu à la protestation. La grève devrait donc être reconduite ce jeudi.