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Louise Sallé, édité par Solène Leroux , modifié à
Les sessions du grand oral du baccalauréat démarrent ce lundi, pour près de 500.000 terminales en filière générale et technologique, et durent jusqu'au 1er juillet. Cette épreuve, introduite en 2019, est une source d'angoisse pour nombre d'élèves, notamment parce qu'en France, l'oral est peu valorisé et travaillé en classe, à l'inverse d'autres pays.

L'édition du baccalauréat 2022 continue avec le grand oral, dont les sessions commencent ce lundi, pour près de 500.000 terminales en filière générale et technologique. Cette épreuve, introduite en 2019, a été testée pour la première fois l'année dernière. Cet examen qui représente 10% de la note finale fait angoisser nombre d'élèves, notamment parce que l'oral est peu valorisé et travaillé en classe. À l'inverse, dans d'autres pays, l'éloquence prend une place plus importante dans les programmes.

"Il y a un côté un peu théâtral, auquel les élèves ne sont pas préparés"

Dès les petites classes, le professeur parle et les élèves écrivent. Pour les prises de parole lors de débats ou exposés, c'est plutôt le fond que la forme qui compte. "Ce qui est demandé au grand oral, ce sont davantage des capacités de prestance, de positionnement physique. Il y a un côté un petit peu théâtral, auquel les élèves ne sont pas du tout préparés", constate Sylvie Plane, professeure émérite en sciences du langage à l'université de la Sorbonne.

Le grand oral nous vient d'Italie, où depuis les années 1960, il représente un tiers du bac. Une épreuve préparée soigneusement dans le secondaire par des oraux individuels très réguliers. Jean Sommer, coach de la voix et de la prise de parole en public, déplore le retard des Français : "Les Italiens sont beaucoup plus extravertis physiquement que les Français. On le voit puisqu'ils font des gestes… Notre langue, on l'a valorisée à l'écrit, et en silence", regrette-t-il. "En France, le fait de parler devant les autres est considéré comme quelque chose d'un peu impudique."

Au Royaume-Uni, dès cinq ans, chaque élève travaille son expression orale

"Dans les pays anglo-saxons, c'est tout le contraire ! L'oral prime sur l'écrit", souligne Jean Sommer. "Parler en public, c'est non seulement se faire entendre, mais c'est également se vendre, se faire applaudir, trouver de l'approbation", commente-t-il. "C'est une prise de pouvoir, en quelque sorte, qu'il serait extrêmement utile de développer auprès des jeunes, pour les aider à se lancer dans la vie active", insiste-t-il.

Au Royaume-Uni, dès cinq ans, les petits Britanniques s'expriment tous les jours devant leur classe, sur n'importe quel sujet. Chaque élève présente un objet, et raconte à ses camarades une histoire autour de cet objet  : c'est le show and tell, "montre et raconte". En Suisse et au Québec enfin, les élèves ont, en classe de primaire, des heures de cours entièrement dédiées aux techniques de l'art oratoire, dont les méthodes sont imposées aux enseignants et très encadrées.